guillemot
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Oiseau marin de taille moyenne, à plumage généralement noir et blanc, voisin du petit pingouin mais à bec pointu et plus allongé, qui niche sur les côtes rocheuses des régions froides et tempérées de l’hémisphère Nord et qui se nourrit principalement de poissons qu’il capture en nageant sous l’eau.
syn. : alque, marmette.
alcidé; charadriiforme.
Origine et histoire
Guillemot est attesté en français comme nom d’oiseau depuis le milieu du 16e siècle, sous la plume du naturaliste P. Belon du Mans (1553 et 1555), selon qui ce mot désignait alors un type de gibier qu’il identifie lui-même comme un jeune pluvier :
Les paisans qui apportent les Pluviers vendre à la ville, & aussi les chaircuitiers imposent noms particuliers à une esp[ec]e d’iceux, qu’ils nomment Guillemot : comme s’il estoit totalement different au Pluvier. Et de fait ils sont lors d’autre couleur que le Pluvier : car le Guillemot est jeune Pluvier, qui n’a encores mué. Aussi est il de plus petite corpulence, ayant semblablement le bec noir, rond, court, & ainsi poinctu que le Pluvier, & n’a que trois doigts es pieds.
Source de la citation : Belon du Mans, 1555
Ce n’est qu’au milieu du 18e siècle, à l’initiative du naturaliste M. Brisson (1760), que guillemot sera introduit dans la nomenclature ornithologique française comme nom générique de quelques oiseaux de mer de la famille des alcidés classés dans le genre Uria. Cet usage avait-il déjà cours dans les régions côtières du nord de la France? Il ne le précise pas; mais, s’appuyant sur le témoignage de naturalistes britanniques du 17e siècle (W. Charleton, F. Willughby et J. Ray), Brisson signale l’emploi dans certaines régions d’Angleterre de guillemot, guillem et guillam pour désigner ce type d’oiseaux. On ne peut donc écarter ici la possibilité d’une influence de ces auteurs sur le choix de Brisson.
Le mot guillemot est à l’origine un diminutif du nom propre Guillaume qui, dès le moyen français, avait développé le sens figuré de « sot ». Les naturalistes français F. Salerne (1767) et G.-L. Leclerc de Buffon (1783) semblent reconnaître aux Anglais l’attribution première de l’appellation guillemot à un oiseau niais qui se laisse leurrer :
cet oiseau est très-peu défiant, il se laisse approcher & prendre avec une grande facilité, & c’est de cette apparence de stupidité que vient l’étymologie angloise de son nom guillemot.
Source de la citation : Leclerc de Buffon, 1783
Il est toutefois permis de penser que l’emploi français signalé par Belon du Mans au 16e siècle reposait déjà sur une même « apparence de stupidité ».
Taxonomie et nomenclature
Dans la nomenclature technique actuelle, le générique guillemot sert à désigner une douzaine d’espèces de la famille des alcidés, classées dans les genres Brachyramphus, Cepphus, Synthliboramphus et Uria.
Dans la nomenclature en usage au Québec et au Canada au cours de la seconde moitié du 20e siècle, l’adoption des génériques marmette (pour le genre Uria) et alque (pour les genres Brachyramphus et Synthliboramphus) est venu restreindre l’emploi de guillemot, alors réservé aux seules espèces du genre Cepphus.
Dans des noms composés
Espèces largement répandues sur les côtes de l’Atlantique Nord :
guillemot à miroir* [Cepphus grylle] : espèce à plumage estival noir et marqué aux ailes d’une large tache blanche. [syn. : guillemot noir, pigeon (de mer).]
guillemot de Brünnich* [Uria lomvia] : espèce noire à dessous blanc, marqué au bec d’une ligne blanche.
guillemot de Troïl : (dans la nomenclature européenne) synonyme de guillemot marmette*.
guillemot marmette* [Uria aalge] : espèce brun noirâtre à dessous blanc, souvent marqué d’un cercle oculaire complété d’un trait portant vers l’arrière. [syn. : guillemot de Troïl, marmette commune, marmette de Troïl.]
guillemot noir : synonyme de guillemot à miroir*.
Cette appellation s’est maintenue dans la nomenclature technique en usage au Québec et au Canada jusque dans les années 1980.
Références et notes
Source(s) métalinguistique(s)
- TLFi
- FEW 4 Guillaume, p. 306a.
- Cabard et Chauvet (2003), p. 200.
- Donovan et Ouellet (1993).
Base(s) ornithologique(s) de référence
Date de consultation :
- Avibase
- Birds of the World
- Oiseaux.net