pigeon de mer
Début de l'article
(Qc/Ca) (Côtes du golfe du Saint-Laurent, Saint-Pierre-et-Miquelon) Synonyme de guillemot à miroir*.
Dans ces régions, le guillemot à miroir est aussi connu sous le nom simple de pigeon.
Pour les autres emplois de pigeon de mer, voir ci-dessous.
alcidé; charadriiforme.
Origine et histoire
Depuis le 17e siècle, l’appellation composée pigeon de mer, sans doute motivée par une analogie d’aspect et de taille, a été appliquée à au moins trois oiseaux différents.
La plus ancienne attestation de cette appellation figure dans la Description geographique et historique des costes de l'Amerique septentrionale (1672) de N. Denys et fait référence à des oiseaux de mer nichant sur ces côtes :
Dans toutes ces Isles qui sont en mer, à deux ou trois lieuës de la grande terre, il y a grand nombre de toutes sortes d'oyseaux, qui vont au Printemps y faire leurs petits, & entre autres forces Margots […] : Il y a aussi des Outardes, des Canards, des Moyaques, des Goislans, Esterlets, Perroquets de mer, Pigeons de mer, & de toute autres sortes d'oiseaux en grand nombre.
Source de la citation : Denys, 1672
Il s’agissait vraisemblablement déjà du guillemot à miroir qui, depuis une cinquantaine d’années (1620), était désigné en anglais sous le nom de sea pigeon dans la région de Terre-Neuve. Dans ce sens, pigeon de mer et sa variante simple pigeon sont toujours en usage chez les francophones du golfe du Saint-Laurent et de l’archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon.
Les deux autres emplois de pigeon de mer, plus tardifs, datent du 18e siècle. En 1767, le naturaliste F. Salerne signale dans la région de la Loire l’utilisation de « pigeon de mer ou de rivière » pour désigner une mouette. À partir de 1743, l’appellation commence à figurer dans des relations de voyage dans l’hémisphère Sud, désignant un oiseau de mer que G.-L. de Buffon identifiera, en 1783, comme « Le Pétrel blanc & noir ou le Damier » (appelé aujourd’hui damier du Cap, Daption capense) :
il est à peu-près de la grosseur d’un pigeon commun, & comme dans son vol il en a l’air & le port, ayant le cou court, la tête ronde, quatorze ou quinze pouces de longueur, & seulement trente-deux ou trente-trois d’envergure, les Navigateurs l’on souvent appelé pigeon de mer.
Source de la citation : Leclerc de Buffon, 1783
Seul ce dernier emploi sera recensé par les dictionnaires français des 19e et 20e siècles.
Références et notes
Source(s) métalinguistique(s)
- TLFi
- Brasseur, Patrice et Jean-Paul Chauveau (1990), Dictionnaire des régionalismes de Saint-Pierre et Miquelon, p. 516.
- Brasseur, Patrice (2001). Dictionnaires des régionalismes du français de Terre-Neuve, p. 349.
- Dictionary of Newfoundland English, deuxième édition, 1990, sous sea-pigeon (heritage.nf.ca, 2020/09/16).
- Dulong, Gaston et Gaston Bergeron (1980). Le parler populaire du Québec et de ses régions voisines, volume 6, question 1508.
- Fonds documentaires du Trésor de la langue française au Québec (tlfq.ulaval.ca/fichier, 2018/03/28).
- Naud, Chantal (1998). Dictionnaire des régionalismes du français parlé des Îles de la Madeleine.