pigeon
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Oiseau cosmopolite de taille variable et d’aspect trapu, à tête relativement petite, à bec souvent recouvert à la base d’un renflement cireux et à pattes courtes, qui compte des espèces terrestres granivores et des espèces arboricoles frugivores, dont le plumage est généralement à dominante de gris ou de brun (mais plus vivement coloré chez certains sous-ensembles tropicaux) et dont le vol est particulièrement rapide et puissant.
Le mot pigeon employé sans autre spécification désigne souvent l’espèce la plus commune, le Pigeon biset ou l’une de ses formes domestiques.
syn. : (archaïque ou régional) coulon; (littéraire ou symbolique) colombe.
(femelle) pigeonne.
(petit, oisillon) pigeonneau.
(pour exprimer le cri) roucouler; roucoulement.
Employé comme un générique large, le mot pigeon peut servir à désigner divers types de columbidés dont le nom technique est basé sur des dénominations génériques plus précises (voir types particuliers).
types particuliers présents en Europe et/ou dans l’est de l’Amérique du nord : biset, colombin, tourte (tourtre), tourterelle, ramier.
autres types particuliers : carpophage, colombar, colombe, colombi-galline, colombine, diduncule, founingo, gallicolombe, géopélie, goura, microgoura, nicobar, otidiphaps, phapitréron, phasianelle, ptilope, tourtelette, trugon.
columbidé; columbiforme.
Origine et histoire
Pigeon est issu du latin tardif *pipionem, forme accusative de *pipio, pipionis qui désignait le pigeonneau et qui était lui-même dérivé du verbe *pipire « piailler ». Le mot est attesté depuis le début du 13e siècle, d’abord sous la forme pijon et au sens d’« oisillon, petit d’un oiseau », puis au sens plus spécifique de « petit du pigeon » (à cette époque, on donnait au pigeon lui-même le nom de coulon).
C’est sur la base de cet emploi plus spécifique, et vraisemblablement à partir la fin du 13e siècle, que pigeon a commencé à acquérir son sens actuel et à concurrencer le terme coulon, qu’il va progressivement remplacer pendant la période du moyen français.
Dès le milieu du 16e siècle, dans le premier traité d’ornithologie rédigé en français, on constate que pigeon a déjà clairement acquis son statut de générique de référence pour les columbidés d’Europe :
Voila donc cinq espèces qu’on attribuë aux Pigeons : c’est à sçavoir, Ramiërs, Bisets, Fuyards [= Colombins], Turtrelles, & Pigeons privez.
Source de la citation : Belon du Mans, 1555
Au cours du 18e siècle, ce terme va connaître une très large application et servir à dénommer la majorité des nouvelles espèces de columbidés provenant des autres continents. Son aire d’application va toutefois commencer à se résorber dès le début du 19e siècle avec l’adoption par les naturalistes de toute une série de nouveaux génériques techniques (colombe, colombar, colombi-galline, etc.).
Taxonomie et nomenclature
Dans la nomenclature actuelle, le générique pigeon sert à dénommer une cinquantaine de columbiformes de la famille des columbidés classées dans trois ou quatre genres selon les auteurs, dont les deux principaux sont Columba et Patagioenas.
Dans des noms composés
Espèce cosmopolite :
pigeon biset* [Columba livia] : espèce originaire d’Eurasie et d’Afrique, de taille moyenne, à plumage gris bleuté avec des reflets irisés sur le cou, marqué de deux barres alaires noires et à croupion blanc, qui niche en hauteur (sur des falaises ou sur des constructions) et qui est la souche d’une grande diversité de races domestiques [voir : pigeon domestique et pigeon voyageur] ainsi que des nombreuses colonies qui sont implantées sur les cinq continents (notamment en zone urbaine).
(Mi-18e siècle–début du 20e siècle) Le Pigeon biset sauvage a aussi été appelé pigeon de roche, appellation issue du calque de rock pigeon attesté en anglais dans le même sens depuis le début du 17e siècle (oed.com, 2024/04/24).
Autres espèces largement répandues en Europe :
pigeon colombin* [Columba oenas] : espèce eurasienne de taille moyenne, à plumage gris bleuté et à poitrine rosée, marqué de courtes taches alaires noires et d’une large zone irisée au cou, qui fréquente les milieux ouverts ou légèrement boisés. [syn. : petit ramier; voir : pigeon fuyard; voir aussi : colombin.]
pigeon ramier* [Columba palumbus] : grande espèce d’Eurasie et d’Afrique du Nord, à dos gris cendré, à poitrine rose mauve, à ventre crème et marqué à la base du cou de deux grandes taches blanches, qui fréquente les milieux boisés et les jardins urbains. [syn. : palombe; voir aussi : ramier.]
Oiseaux d’élevage (types généraux) :
pigeon domestique, pigeon commun [Columba livia domestica] : pigeon correspondant à la forme domestiquée du Pigeon biset, dont il existe une grande diversité de races à plumage varié qui sont élevées à différentes fins (pigeons de chair, pigeons d’ornement ou de fantaisie, pigeons voyageurs).
pigeon fuyard : (mi-16e siècle–19e siècle) pigeon sauvage (notamment de type colombin) qui venait nicher dans les petits colombiers de campagne (appelés fuies).
Pigeon fuyard a aussi été utilisé comme synonyme de pigeon colombin.
pigeon voyageur : pigeon domestique caractérisé par une grande rapidité de vol et un excellent sens de l’orientation qui, lorsqu’on le relâche dans un endroit qui lui est étranger, revient directement à son lieu d’origine, ce qui le rend apte à la transmission de messages.
(Fin 19e–début 20e siècle, dans la nomenclature nord-américaine) Synonyme de tourte voyageuse.
Pour désigner des columbidés dénommés aujourd'hui à partir d’un autre générique :
pigeon couronné : (fin 18e–20e siècle) synonyme de goura.
pigeon de Nicobar : (18e–20e siècle) synonyme de nicobar à camaïl.
Références et notes
Source(s) métalinguistique(s)
- TLFi
- FEW 8 pipio, p. 556a.
- Anglo-Norman Dictionary (AND2 Online Edition), sous pigeon (anglo-norman.net/entry/pigeon, 2024/04/30).
- Dictionnaire du moyen-français, sous pigeon (atilf.fr/dmf, 2024/04/30).