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rossignol

Genre

masculin

Prononciation

[ʀɔsiɲɔl]

Début de l'article

Définition (emploi principal du mot-entrée).

Petit passereau chanteur des milieux boisés, se nourrissant d’insectes et de petits fruits, qui compte plusieurs espèces eurasiennes et asiatiques à plumage varié (brunâtre, grisé ou bleuté), et dont l’espèce la plus connue est le rossignol philomèle*.

Remarque complémentaire à la définition du mot-entrée.

Le mot rossignol, utilisé sans autre précision, désigne généralement le rossignol philomèle*.

Nom(s) associé(s): ensemble d’oiseaux plus large.

muscicapidé; passériforme.

Définition (emploi secondaire du mot-entrée).

Par analogie (généralement dans des noms composés) Passereau remarquable par son chant.

Remarque complémentaire à la définition du mot-entrée.

Au Québec et en Acadie, en parlant d’un passereau indigène, c’est traditionnellement au bruant chanteur* qu’on donne le nom de rossignol.

Origine et histoire

La première attestation de rossignol provient d’un roman médiéval du milieu du 12e siècle (le Roman de Troie, vers 1165). Cette appellation est issue par l’intermédiaire de l’ancien provençal rossinhol, du nom donné au rossignol philomèle en latin populaire, soit *lusciniolus, variante masculine du latin classique lusciniola. Comme le français, d’autres langues romanes ont emprunté le mot provençal, probablement en raison de l’importance accordée au rossignol et à son chant dans la poésie des troubadours.

On relève, en ancien français, de multiples variantes du mot, à consonne initiale en l– comme en latin ou en r– comme en ancien provençal. Ce r– initial peut s’expliquer par un processus phonétique de différenciation des deux l d’origine latine ou encore par un croisement avec la famille de rufus « roux », en raison de la couleur brun roussâtre du rossignol. Cette dernière explication n’est pas sans lien avec l’hypothèse émise au milieu du 16e siècleBelon du Mans, Pierre (1555). L'Histoire de la nature des oyseaux, avec leurs descriptions, et naïfs portraits retirez du naturel, p. 335 (GoogleLivres, 2020/01/29). par P. Belon du Mans (qui signalait alors deux variantes du mot, rossignol et roussignol)Belon du Mans, Pierre (1557). Portraits d’oyseaux, animaux, serpens, herbes, arbres, hommes et femmes d’Arabie et Égypte […], feuillet 84 (Gallica.bnf.fr, 2010/01/29)..

Les Françoys, à nostre jugement, le nomment Rossignol en partië pource qu’il est roux : luy voyants la plume rousse, tirant quelque peu à la couleur enfumee. 

Source de la citation : Belon du Mans, 1555

Au fil du temps, par analogie, rossignol a servi de base à divers noms composés désignant d’autres petits passereaux insectivores chanteurs, étroitement apparentés ou non. Déjà à l’époque de Belon du Mans, le rougequeue à front blanc était appelé rossignol de mur ou rossignol de muraille.

C’est aussi par analogie que, lors de la colonisation de la Nouvelle-France, le nom de rossignol a été transféré à un passereau chanteur d’Amérique du Nord même si, selon divers témoignages de l’époqueVoir notamment : Charlevoix, François-Xavier de (1744). Journal d'un voyage fait par ordre du roi dans l'Amérique septentrionale, édition critique par Pierre Berthiaume, 1994, p. 372 (numerique.banq.qc.ca, 2020/04/07); Leclercq, Chrétien (1691). Nouvelle relation de la Gaspesie : qui contient les mœurs et les religions des sauvages Gaspésiens Porte-Croix, adorateurs du soleil et d'autres peuples de l'Amérique septentrionale, dite le Canada, p. 488 (Canadiana.ca, 2020/01/29)., celui-ci ne démontrait pas tout le talent du rossignol d’Europe.

Le Rossignol du Canada est à peu près le même, que celui de France pour la figure; mais il n’a que la moitié de son Chant; le Roitelet lui en a dérobé l’autre moitié. 

Source de la citation : Charlevoix, 1744

Il s’agissait sans doute déjà du bruant chanteurL’oiseau bleuâtre que le Baron de Lahontan a exceptionnellement désigné du nom de rossignol au début du 18e siècle dans ses Mémoires de l’Amérique septentrionale (voir : Lahontan. Œuvres complètes, édition critique de Réal Ouellet et Alain Beaulieu, 1990, volume 1, p. 578) est vraisemblablement le merlebleu de l’Est (Sialia sialis). (précédemment appelé pinson chanteur) qui a conservé son nom usuel de rossignol au Québec jusqu’au 20e siècle et dont le chant est traditionnellement associé au retour du printemps, comme n’ont pas manqué de le souligner les premiers naturalistes québécois :

Le petit Ménestrel qui en avril dans nos campagnes proclam[e] si mélodieusement le retour du printemps et de la verdure, celui que nous appelons le Rossignol, appartient à la trib[u] des Pinsons [= bruants]. 

Source de la citation : LeMoine, 1861LeMoine, James MacPherson (1861). Ornithologie du Canada, première partie, seconde édition, p. 271 (GoogleLivres, 2010/01/30).

Le Pinson chanteur, que l’on appelle vulgairement Rossignol, […] nous arrive avec les premiers jours d’avril, passe l’été au milieu de nous et, tard à l’automne, il s’en retourne. En cela, il est un des premiers à nous apparaître au printemps et un des derniers à nous quitter à l’approche de l’hiver. 

Source de la citation : Dionne, 1906Dionne, Charles-Eusèbe (1906). Les oiseaux de la Province de Québec, p. 318 (archive.org, 2020/04/07).

On relève déjà le mot rossignol dans les toutes premières relations de voyage en Nouvelle-France qu’ont laissées J. Cartier (première moitié du 16e siècle) et S. de Champlain (début du 17e siècle)Fonds documentaires du Trésor de la langue française au Québec (tlfq.ulaval.ca/fichier, 2020/01/29)., mais uniquement dans de longues énumérations de noms de passereaux (familiers aux Européens) qui ne peuvent pas encore véritablement témoigner de l’ancrage du mot en Amérique du Nord.

Taxonomie et nomenclature

Dans la nomenclature actuelle, le générique rossignol sert à désigner une quinzaine d’espèces de passériformes de la famille des muscicapidés, classées dans les genres Calliope, Larvivora et Luscinia. Dans Oiseaux.net, le générique rossignol sert encore à dénommer les espèces du genre Tarsiger voisin, alors que, dans Avibase et HBW, on a récemment adopté le générique robin pour ce genre.

Dans des noms composés

Sous-ensemble de noms d’espèces.

Espèce commune en Europe :

Nom(s) composé(s) d’espèce(s) faisant l’objet d’une sous-entrée.

rossignol philomèle* [Luscinia megarhynchos] : espèce présente en Eurasie et en Afrique, au plumage sobre (dos brun, queue rousse et ventre clair) et au comportement discret, mais dont le mâle est reconnu comme l’un des meilleurs oiseaux chanteurs d’Europe, en raison de son chant puissant, mélodieux et très varié (qu’il émet aussi pendant la nuit au printemps).

Sous-ensemble de noms d’espèces.

Par analogie. Autres oiseaux chanteurs appelés rossignols sans être étroitement apparentés au rossignol philomèle :

Nom(s) composé(s) d’espèce(s) faisant l’objet d’une sous-entrée.

rossignol de mur (16e–19e siècle), rossignol de muraille (16e–20e siècle) : anciens noms du rougequeue à front blanc*, parfois du rougequeue noir*.

Remarque complémentaire relative à la sous-entrée.

Variantes orthographiques : rossignol de murs, rossignol de murailles.

Nom(s) composé(s) d’espèce(s) faisant l’objet d’une sous-entrée.

rossignol de rivière : (16e–début 19e siècle) synonyme de rousserolle effarvatte*.

Nom(s) composé(s) d’espèce(s) faisant l’objet d’une sous-entrée.

rossignol du Japon : nom donné par les oiseleurs au léiothrix jaune*, un passereau chanteur originaire du Sud-Est asiatique élevé comme oiseau de cage et de volière.

Références et notes

Source(s) métalinguistique(s)

  • TLFi
  • FEW 5 *lusciniolus, p. 471.  
  • Robert historique (1992).  
  • Cabard et Chauvet (2003), p. 281.  
  • Hageman (2000), p. 148.

Base(s) ornithologique(s) de référence

Date de consultation :

  • Avibase
  • HBW Alive
  • Oiseaux.net

Note(s)