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torchepot

Genre

masculin

Prononciation

[tɔʀʃəpo]

Début de l'article

Définition (emploi principal du mot-entrée).

torchepot, sittelle torchepot* [Sitta europaea] : sittelle commune d’Eurasie, à calotte grise et à dessous presque entièrement blanc, avec un bandeau noir.

Nom(s) associé(s): ensemble d’oiseaux plus large.

sittidé; passériforme.

Origine et histoire

Selon le naturaliste français P. Belon du Mans (1555)Belon du Mans, Pierre (1555). L'Histoire de la nature des oyseaux, avec leurs descriptions, et naïfs portraits retirez du naturel, p. 304 (GoogleLivres, 2018/11/06)., qui en donne la première attestation, torchepot servait déjà à désigner la sittelle européenne commune au milieu du 16e siècle :

Le torchepot est asses cogneu en touts païs […]. Son nid est composé avecques de la terre grasse, de si gr[an]d artifice qu’il ne sçauroit estre mieux, encor qu’il eust esté dressé de la main d’un potiër. C’est de là qu’il est nommé Torchepot.

Source de la citation : Belon du Mans, 1555

De l’avis de cet auteur, qui sera repris par P. Guéneau de Montbeillard deux siècles plus tard (1778)Buffon, Georges-Louis Leclerc de, et coll. (1778). Histoire naturelle des oiseaux, tome 5, p. 465 (GoogleLivres, 2018/11/06)., cette dénomination fait allusion à un trait caractéristique du comportement de l’oiseau qui, nichant dans des trous d’arbres, sait en réduire l’ouverture au besoin en le maçonnant avec de la boue ou de l’argile :

[…] tous deux [= le couple de sittelles] travaillent à l’arrangement du nid; ils l’établissent dans un trou d’arbre […] : si l’ouverture extérieure de ce trou est trop large, ils la rétrécissent avec de la terre grasse, quelquefois même avec des ordures qu’ils gâchent & façonnent, dit-on, comme feroit un Potier, fortifiant l’ouvrage avec de petites pierres, d’où leur est venu le nom de pic-maçon & celui de torche-pot; nom qui, pour le dire en passant, ne présente pas une idée bien claire de son origine.

Source de la citation : Guéneau de Montbeillard, 1778

Par son premier élément, ce nom composé est à rattacher au verbe torcher pris dans son sens ancien ou technique de « construire ou recouvrir de torchis ». Quant à l’élément pot, il ne correspondrait pas à pot comme nom de récipient, mais serait plutôt apparenté à l’archaïsme pertuis « ouverture ». Selon Guéneau de Montbeillard, qui le signale comme nom vulgaire de la sittelle, torchepot serait issu de la forme bourguignonne torche-poteux, où poteux correspondrait à une forme régionale de pertuis.

Ce nom vient du nom Bourguignon torche-poteux, qui signifie à la lettre torche-pertuisPertuis est un synonyme ancien d’ouverture., & convient assez bien à notre oiseau, à cause de l’art avec lequel il enduit & resserre l’ouverture du trou où il niche. Ceux qui ne connoissoient pas le patois Bourguignon auront fait de ce nom celui de torche-pot, qui peut être ensuite aura donné lieu de comparer l’ouvrage de la sittelle à celui d’un Potier de terre.

Source de la citation : Guéneau de Montbeillard, 1778 (note explicative)

Pour l’histoire de torchepot dans la nomenclature technique, voir ci-dessous.

Taxonomie et nomenclature

Dans la nomenclature actuelle, l’élément spécifique torchepot ne s’applique qu’à l’espèce de passereau scientifiquement dénommée Sitta europaea (du genre Sitta, famille des sittidés).

Au milieu du 18e siècle, avant que Guéneau de Montbeillard n’introduise le générique sittelle, le naturaliste français M. Brisson (1760)Brisson, Mathurin (1760). Ornithologie ou Methode contenant la division des oiseaux en ordres, sections, genres, especes & leurs variétés, tome 3, p. 587-588 (GoogleLivres, 2018/11/13). a eu recours à torchepot comme générique français pour dénommer les espèces du genre Sitta (par exemple dans torchepot du Canada, torchepot de la Caroline). Son exemple n’a pas été suivi.

Le binominal actuel sittelle torchepot s’est installé dans la nomenclature technique au début du 19e siècleVoir notamment : Temminck, Coenraad Jacob (1815). Manuel d'ornithologie ou Tableau systématique des oiseaux qui se trouvent en Europe, p. 254 : « sitelle torchepot » (GoogleLivres, 2018/11/07)..

Références et notes

Source(s) métalinguistique(s)

  • TLFi
  • FEW 13/2 torques, p. 105a; 8 pertusiare, p. 289b.
  • Robert historique (1992).
  • Cabard et Chauvet (2003), p. 325.
  • Donovan et Ouellet (1993).

Base(s) ornithologique(s) de référence

Date de consultation :

  • Avibase
  • Birds of the World
  • Oiseaux.net

Note(s)