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canepetière

Genre

féminin

Prononciation

[kanpətjεʀ]

Début de l'article

Définition (emploi principal du mot-entrée).

canepetière, outarde canepetière* : outarde eurasienne des terrains herbeux largement ouverts, présente sur le pourtour du bassin méditerranéen et en Asie centrale, qui est de taille moyenne et dont le mâle, en plumage nuptial, se démarque par ses colliers noirs et blancs.

Nom(s) associé(s): synonymes ou quasi-synonymes.

syn. : petite outarde.

Nom(s) associé(s): ensemble d’oiseaux plus large.

otididé; otidiforme.

Origine et histoire

L’appellation canepetière est attestée depuis le milieu du 16siècle, d’abord écrit en deux mots : cannes petières chez F. Rabelais en 1547 et cane petiëre en 1555 chez P. Belon du MansBelon du Mans, Pierre (1555). L'Histoire de la nature des oyseaux, avec leurs descriptions, et naïfs portraits retirez du naturel, p. 237 (GoogleLivres, 2020/08/19). :

De la Cane petiëre. […] La Cane petiëre nous semble oyseau particuliër au païs de France, ou il n’y a paisant qui ne la sçache ainsi nommer; mais comme il advient que les choses ne sont nommees en un païs comme en l’autre, il y en a qui la nomment une Olive. […] Ce nom de Cane petiëre luy a esté baillé, non pas qu’elle soit aquatique, mais qu’elle se tapist contre terre à la maniëre des Canes en l’eau. […] Elle est plus cogneuë de nom, que de forme : car nous avons un proverbe en nostre langue qui la met en bruit, disant à ceux qu’on cognoist soupçonneux, qu’ils font la Cane petiëre.

Source de la citation : Belon du Mans, 1555

Comme le souligne Belon du Mans, la première composante du mot, cane, s’expliquerait par un rapprochement analogique avec la femelle du canard, qu’il s’agisse de sa façon de s’accroupir, comme il l’avance, ou de son envol rapide. Quant à l’origine de la seconde composante, petière, elle a donné lieu à diverses hypothèses. Selon la plus largement reprise, il s’agirait d’un dérivé de peter, variante du verbe péter « produire un bruit sec » formé par l'ajout du suffixe –ière et faisant allusion au « bruit que fait cet oiseau en s’enfuyant ». Selon Cabard et Chauvet (2003), si ce dérivé a effectivement une motivation sonore, il pourrait plutôt évoquer « les bruits secs pétaradants du mâle en parade ». Mais selon eux, petière pourrait aussi signifier « qui court, qui se déplace à pied ». Le mot serait alors issu d’une forme régionale du verbe piéter qui, depuis l’ancien français, se dit dans la langue de la chasse, d’oiseaux qui s’éloignent en marchant ou en courant au lieu de s’envoler.

Certains naturalistes du 18e siècle, comme F. Salerne et P. Guéneau de MontbeillardSalerne, François (1767). L'histoire naturelle, éclaircie dans une de ses parties principales, l'ornithologie, p. 155 (GoogleLivres, 2020/08/30); Buffon, Georges-Louis Leclerc de, et coll. (1771). Histoire naturelle des oiseaux, tome 2, p. 418; le texte est de P. Guéneau de Montbeillard (GoogleLivres, 2020/08/30)., tenant compte de la présence du groupe consonantique tr dans plusieurs autres noms régionaux voisins de cette outarde, préféraient voir des liens avec la famille étymologique de pierre (du latin petra) :

Belon appelle cet Oiseau Canepetiere, &, selon quelques-uns, Olive; en Berry Canepetrolle; en Beauce Canepetrace, & le petit Petraceau […]. Quant à l’étymologie, on le nomme Canepetiere ou Canepetrace; premiérement parce qu’il ressemble en quelque chose à un Canard sauvage, & qu’il vole comme lui; secondement, parce qu’il se plaît parmi les pierres. […] D’autres disent que c’est parce qu’il pette : mais je préfere la premiere étymologie, d’autant plus que les Orléanois appellent le petit Moineau de muraille, dit Friquet, un Pétrac ou Pétrat, parce qu’il niche dans les pierres des vieux murs.

Source de la citation : Salerne, 1767

La récurrence des consonnes tr dans ces autres noms régionauxDans sa Faune populaire de la France, Eugène Rolland signale en outre les formes canepétrosse, canepétrelle, canepétran et canepétrote. Par ailleurs, il relève également les formes cane petère, canepétoire, pétoire et petonière (tome 2 Les oiseaux sauvages, 1879, p. 345; gallica.bnf.fr, 2020/08/19). semble plutôt venir appuyer l’existence de liens historiques avec la famille dérivative du verbe péter au sens de « produire un bruit sec » qui, selon le FEW, compte diverses formes françaises, anciennes ou régionales présentant le même profil consonantique.

Taxonomie et nomenclature

L’élément spécifique canepetière n’est associé qu’à une seule espèce d’oiseau, l’outarde scientifiquement dénommée Tetrax tetrax.

Références et notes

Source(s) métalinguistique(s)

  • TLFi
  • FEW 2 kan, p. 165b; 8 peditum, p. 135b et suivantes.
  • Cabard et Chauvet (2003), p. 150.

Base(s) ornithologique(s) de référence

Date de consultation :

  • Avibase
  • Birds of the World
  • Oiseaux.net

Note(s)