Aller directement au contenu

commandeur

Genre

masculin

Prononciation

[kɔmɑ̃dœʀ]

Début de l'article

Définition (emploi principal du mot-entrée).

(Fin 18e siècle–20e siècle) commandeur, carouge commandeur, troupiale commandeur : synonymes anciens de carouge à épaulette*.

Nom(s) associé(s): ensemble d’oiseaux plus large.

ictéridé; passériforme.

Origine et histoire

C’est d’abord à P. Guéneau de Montbeillard que le Carouge à épaulettes doit son ancienne appellation de commandeur, introduite dans la nomenclature aviaire en 1775Buffon, Georges-Louis Leclerc de, et coll. (1775). Histoire naturelle des oiseaux, tome 3, p. 214 et suivantes (GoogleLivres, 2022/02/10). Dans son texte, Guéneau de Montbeillard cite un passage plus ancien de l’Histoire de la Louisiane (1758) d’A. S. Lepage du Pratz dans lequel figure le mot commandeur (p. 217 : « quand les volées de commandeurs passent au-dessus, leur vue perçante découvre l’appât »). Cela pourrait donner à penser que ce nom avait déjà cours en Amérique du Nord. Or le texte original, légèrement différent, ne mentionne que le terme étourneau (tome 2, p. 138 : Quand les Étourneaux en volant passent au dessus de ce sentier, leur vûe perçante découvre l’appas »; gallica.bnf.fr, 2022/02/10). :

Le Commandeur. […] il doit son nom de Commandeur à la belle marque rouge qu’il a sur la partie antérieure de l’aile, et qui semble avoir quelque rapport avec la marque d’un Ordre de Chevalerie : elle fait ici d’autant plus d’effet qu’elle se trouve comme jetée sur un fond d’un noir brillant & lustré […].

Source de la citation : Leclerc de Buffon, 1775

Cette appellation n’a pas été créée par Guéneau de Montbeillard , mais plutôt calquée sur le nom (commendadoza ou commendador) que les Espagnols avaient déjà donné à cet oiseau plus d’un siècle auparavant par rapprochement entre la tache rouge des ailes du mâle et l’insigne d’un chevalier commandeur« The lustre of its Wings commends the Acolchichi or red-shouldered bird, and obtained for it of the Spaniards an honourable name, who call these Commendadores, because they resemble the badge or cognizance of the Knights, who wear on their fide the like shining red. » [Ray, John (1678). The ornithology of Francis Willughby of Middleton in the county of Warwick, esq, p. 391 (GoogleLivres, 2022/02/10)]. La version latine du texte de 1676 mentionne plutôt la forme espagnole Commendadozas. [Willughby, Francis /Ray, John, éd., Ornithologiae libri tres, p. 302 (archive.org, 2022/02/10)]. Les naturalistes anglais ici font référence à l’Historia Avium Novae Hispaniae (1651) de Francisco Hernandez, ouvrage auquel renvoie également Guéneau de Montbeillard..

Comme le carouge à épaulettes avait été classé parmi les troupiales par M. Brisson en 1760 (sous le nom de troupiale à ailes rouges)Brisson, Mathurin (1760). Ornithologie ou Méthode contenant la division des oiseaux en ordres, sections, genres, especes & leurs variétés, tome 2, p. 97 (troupiale à aisles rouges) (GoogleLivres, 2022/02/10)., F. M. Daudin lui attribuera dès 1800Daudin, François Marie (1800/an VIII). Traité élémentaire et complet d’ornithologie, ou Histoire naturelle des oiseaux, tome2, p. 344 (biodiversitylibrary.org, 2022/02/10). le nom technique binominal de troupiale commandeur, qui sera repris par la plupart des naturalistes européens du 19 siècle.

Au milieu du siècle, alors que le groupe des troupiales fait l’objet de discussions, le naturaliste français E. Le Maout (1853)Le Maout, Emmanuel (1853). Histoire naturelle des oiseaux suivant la classification de M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire, p. 278 (biodiversitylibrary.org, 2021/02/10). adoptera plutôt carouge commandeur. Ce nouveau nom technique, qui n’aura pas de succès en Europe, sera uniquement repris par deux naturalistes québécois de la fin du siècle (Lemoine, 1861; Provancher, 1872)LeMoine, James MacPherson (1861). Ornithologie du Canada, première partie, seconde édition, p. 233; Provancher, Léon (1872). « Faune canadienne. Les oiseaux », dans Le Naturaliste canadien, vol. 4, no 7, p. 192 (GoogleLivres, 2022/02/10)..

Au milieu du 20e siècle, le succès d’édition au Québec de Charmants voisins, ouvrage de vulgarisation de C. MélançonMélançon, Claude (1954). Charmants voisins, troisième édition, p. 370. Cet ouvrage a connu une trentaine d’éditions depuis sa parution en 1940., va contribuer à faire connaître le nom simple de commandeur auprès des amateurs d’ornithologie. Toutefois, cette appellation semble aujourd’hui tombée en désuétude.

Note(s)