couac
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(Qc/Ca) Nom donné à trois espèces de hérons indigènes de l’est du Canada, principalement au bihoreau gris* et au butor d’Amérique*, mais aussi au grand héron* (parfois appelé grand couac).
ardéidé; pélécaniforme.
Origine et histoire
Ce nom est d’abord attesté sous la forme quac en 1861 dans Ornithologie du Canada de J. M. LeMoine. Dans ce premier traité québécois d’ornithologie, quac est étroitement associé au bihoreau gris, aussi appelé héron de nuit, et présenté comme une dénomination spontanée d’origine onomatopéique :
Le heron de nuit. ─ Le quac. (Night Heron. ─ Qua bird.) Ce héron […] est très commun sur les grèves marécageuses de notre grand fleuve et en général dans tous les endroits humides; son cri ordinaire Quâc, d’où lui vient son nom, est familier au chasseur canadien, attardé sur les battures, et qui attend à la tombée de la nuit, le passage des Canards et autres gibiers.
Source de la citation : LeMoine, 1861
Or l’emploi de quac comme nom du bihoreau gris semble plutôt avoir été initié sous l’influence de l’anglais américain où cette espèce était déjà connue sous des appellations onomatopéiques similaires : quack (depuis 1844) et plus largement qua bird (depuis la fin du 18e siècle). LeMoine signale d’ailleurs lui-même cette dernière forme anglaise après ses noms français.
Jusqu’au début du 20e siècle, les naturalistes québécois s’en tiendront à la valeur référentielle et à la graphie de l’appellation introduite par LeMoine. Mais hors des milieux naturalistes, notamment à partir de 1876 sous la plume d’H.-R. Casgrain, le mot va connaître une deuxième graphie et une extension d’emploi.
La graphie couac, adoptée par Casgrain, traduit un réalignement sur la forme traditionnelle en français de l’onomatopée couac! qui exprime de façon générale un bruit sec discordant et qui, dans un emploi plus apparenté, sert également à rendre le cri du corbeau. C’est principalement sous cette graphie que l’appellation sera répertoriée dans les dictionnaires québécois et acadiens par la suite, ce qui va contribuer à sa diffusion.
Le texte de Casgrain fournit par ailleurs un premier exemple d’extension d’emploi, puisque la couleur brunâtre de l’oiseau dénommé couac correspond davantage au plumage d’un autre petit héron, le butor d’Amérique qui est mieux connu que le bihoreau gris.
Les enquêtes linguistiques effectuées au Canada français dans la seconde moitié du 20e siècle montrent non seulement la vitalité de couac comme nom usuel du butor, mais aussi son emploi presqu’aussi étendu comme l’un des noms usuels du grand héron (qui est toutefois plus largement appelé grue).
Références et notes
Source(s) métalinguistique(s)
- TLF
- FEW 2 kwa-, p. 1599a.
- Dulong, Gaston et Gaston Bergeron (1980). Le parler populaire du Québec et de ses régions voisines, vol. 6, questions 1483 « Grand héron bleu » et 1484 « Butor d’Amérique ».
- Fonds documentaires du Trésor de la langue française au Québec (tlfq.org, 2022/01/01).
- Lavoie, Thomas, et collaborateurs (1985). Les parlers français de Charlevoix, du Saguenay, du Lac-Saint-Jean et de la Côte-Nord, tome 2, question 707 « Butor d’Amérique ».
- Oxford English Dictionary, sous Qua-bird.