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couac

Genre

masculin

Prononciation

[kwak]

Graphie

(19e–début 20e siècle) Aussi écrit quac.

Début de l'article

Définition (emploi principal du mot-entrée).

(Qc/Ca) Nom donné à trois espèces de hérons indigènes de l’est du Canada, principalement au bihoreau gris* et au butor d’Amérique*, mais aussi au grand héron* (parfois appelé grand couac).

Nom(s) associé(s): ensemble d’oiseaux plus large.

ardéidé; pélécaniforme.

Origine et histoire

Ce nom est d’abord attesté sous la forme quac en 1861 dans Ornithologie du Canada de J. M. LeMoineLeMoine, James MacPherson (1861). Ornithologie du Canada, première partie, seconde édition, p. 332 (GoogleLivres, 2022/01/01).. Dans ce premier traité québécois d’ornithologie, quac est étroitement associé au bihoreau gris, aussi appelé héron de nuit, et présenté comme une dénomination spontanée d’origine onomatopéique :

Le heron de nuit. ─ Le quac. (Night Heron. ─ Qua bird.) Ce héron […] est très commun sur les grèves marécageuses de notre grand fleuve et en général dans tous les endroits humides; son cri ordinaire Quâc, d’où lui vient son nom, est familier au chasseur canadien, attardé sur les battures, et qui attend à la tombée de la nuit, le passage des Canards et autres gibiers.

Source de la citation : LeMoine, 1861

Or l’emploi de quac comme nom du bihoreau gris semble plutôt avoir été initié sous l’influence de l’anglais américain où cette espèce était déjà connue sous des appellations onomatopéiques similaires : quack (depuis 1844)Giraud, Jacob Post (1844). Birds of Long Island, p. 280 : « When roaming about at night, [the Night Heron] is heard uttering at intervals a loud guttural sound, ─ from which it has by gunners received the appellation of "Quack" or "Quawk". » (GoogleLivres, 2022/01/01). et plus largement qua birdVoir notamment : Jennings, James (1828). Ornithologia, or the Birds, p. 199-200 : « The Nyctocorax, Night-Heron, Night-Raven, Lesser ash-coloured Heron or Qua-bird, is about two feet long […]. It is migratory in Pennsylvania; called in America Qua-bird, from its note Qua. » (GoogleLivres, 2022/01/02). (depuis la fin du 18e siècle). LeMoine signale d’ailleurs lui-même cette dernière forme anglaise après ses noms français.

Jusqu’au début du 20e siècleVoir notamment : Dionne, Charles-Eusèbe (1883). Les Oiseaux du Canada, p. 196 (nom vulgaire français); Le Naturaliste canadien, 1916 octobre, p. 53-54 (GoogleLivres, 2022/01/02)., les naturalistes québécois s’en tiendront à la valeur référentielle et à la graphie de l’appellation introduite par LeMoine. Mais hors des milieux naturalistes, notamment à partir de 1876 sous la plume d’H.-R. CasgrainCasgrain, Henri Raymond (1876). « Un pèlerinage à l’Ile-aux-Coudres », Opuscules, p. 144 : « Écoutez! il vous dit lui-même son nom : Couac! couac! couac! […] C’est un oiseau qui ressemble au Héron, mais il n’est pas aussi grand. Son plumage est jaunâtre et clair semé » (GoogleLivres, 2022/01/01)., le mot va connaître une deuxième graphie et une extension d’emploi.

La graphie couac, adoptée par Casgrain, traduit un réalignement sur la forme traditionnelle en français de l’onomatopée couac! qui exprime de façon générale un bruit sec discordant et qui, dans un emploi plus apparenté, sert également à rendre le cri du corbeau. C’est principalement sous cette graphie que l’appellation sera répertoriée dans les dictionnaires québécois et acadiens par la suite, ce qui va contribuer à sa diffusion.

Le texte de Casgrain fournit par ailleurs un premier exemple d’extension d’emploi, puisque la couleur brunâtre de l’oiseau dénommé couac correspond davantage au plumage d’un autre petit héron, le butor d’Amérique qui est mieux connu que le bihoreau gris.

Les enquêtes linguistiques effectuées au Canada français dans la seconde moitié du 20e siècle montrent non seulement la vitalité de couac comme nom usuel du butor, mais aussi son emploi presqu’aussi étendu comme l’un des noms usuels du grand héron (qui est toutefois plus largement appelé grue).

Références et notes

Source(s) métalinguistique(s)

  • TLF
  • FEW 2 kwa-, p. 1599a.
  • Dulong, Gaston et Gaston Bergeron (1980). Le parler populaire du Québec et de ses régions voisines, vol. 6, questions 1483 « Grand héron bleu » et 1484 « Butor d’Amérique ».
  • Fonds documentaires du Trésor de la langue française au Québec (tlfq.org, 2022/01/01).
  • Lavoie, Thomas, et collaborateurs (1985). Les parlers français de Charlevoix, du Saguenay, du Lac-Saint-Jean et de la Côte-Nord, tome 2, question 707 « Butor d’Amérique ».
  • Oxford English Dictionary, sous Qua-bird.

Note(s)