figuier
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(Mi-18e–mi-19e siècle) Petit passereau insectivore à bec fin (en parlant d’espèces non-européennes considérées alors comme des oiseaux voisins du becfigue et des fauvettes d’Europe).
Le terme figuier a essentiellement servi à désigner des espèces « exotiques » (du point de vue européen), quelques espèces d’Afrique et d’Asie du Sud-Est, mais surtout des espèces du continent américain (dont plusieurs parulines). En comparaison, le terme bec-fin a surtout été appliqué à des espèces présentes en Europe. (Voir aussi l’emploi de becfigue comme générique.)
passériforme.
Origine et histoire
Figuier a été introduit dans la nomenclature française par le naturaliste M. Brisson en 1760 pour dénommer une vingtaine d’espèces de petits passériformes à bec fin provenant d’Asie et d’Afrique, mais surtout d’Amérique. Le terme sera repris pendant quelques décennies, notamment par G.-L. Leclerc de Buffon (1778) et par G. Cuvier (1817) avant de tomber en désuétude. Dans son Histoire naturelle des oiseaux, Leclerc de Buffon décrit comme suit les traits morphologiques alors associés à l’appellation figuier :
Les Figuiers. Les oiseaux que l’on appelle Figuiers, sont d’un genre voisin des bec-figues [sic], & ils leur ressemblent par les caractères principaux; ils ont le bec droit, délié et très-pointu, avec deux petites échancrures vers l’extrémité de la mandibule supérieure; caractère qui leur est commun avec les tangaras, mais dont le bec est beaucoup plus épais & plus raccourci que celui des figuiers; ceux-ci ont l’ouverture des narines découverte, ce qui les distingue des mésanges; ils ont l’ongle du doigt postérieur arqué, ce qui les sépare des alouettes, ainsi l’on ne peut se dispenser d’en faire un genre particulier. [/] Nous en connoissons cinq espèces dans les climats très-chauds de l’ancien continent, & vingt-neuf espèces dans ceux de l’Amérique […].
Source de la citation : Leclerc de Buffon, 1778
Dans la première typologie proposée par Brisson, les figuiers sont classés dans le quarantième genre, soit « Le genre du Becfigue » (en latin « Genus Ficedulae »). C’est vraisemblablement par association avec le composé français préexistant becfigue (et son correspondant latin ficedula, dérivé de ficus « figue ») que Brisson a adopté le terme figuier, lui-même dérivé de figue. Comme becfigue, figuier fait référence à l’attirance pour les petits fruits sucrés que démontrent ces passereaux généralement insectivores, avant d’entreprendre leur migration automnale.
Brisson a-t-il lui-même créé le terme figuier? Ce serait plausible, mais peut-être n’a-t-il fait qu’étendre l’emploi d’une appellation déjà en usage dans la colonie haïtienne (alors appelée Saint-Domingue), ce que semble suggérer le passage suivant tiré du recueil de planches consacré à l’histoire naturelle dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert :
Le Bec figue de la fig[ure] 5. se trouve à Saint-Domingue, où il est appelé Figuier […].
Source de la citation : L’Encyclopédie, 1762-1772
Aucune autre source ancienne ne vient toutefois confirmer cet emploi en Haïti.