fresaie
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Vieilli ou régional (Ouest, Sud-Ouest et Nord-Ouest de la France) Synonyme d’effraie des clochers*.
chouette.
tytonidé; strigiforme.
Régional, vieilli (Ouest et Nord-Ouest de la France, Acadie) Synonyme d’engoulevent.
caprimulgidé; caprimulgiforme.
Origine et histoire
Fresaie est attesté depuis le 12e siècle. L’effraie des clochers tiendrait cette appellation de sa réputation d’oiseau de mauvais augure.
Selon le Trésor de la langue française, qui reprend les bases de l’explication avancée par G. Ménage dès le milieu du 17e siècle, ce nom serait issu du latin classique praesaga [avis] signifiant « [oiseau] qui présage, prévoit, devine (la mort ou des événements malheureux) », tout comme les noms poitevin presaie (presaye) et gascon bresague associées au même oiseau. La forme fresaie pourrait résulter de l’altération à l'initiale de presaie à la suite d’un croisement avec le mot orfraie (nom d’un autre oiseau de proie) qui est issu du latin ossifraga et qui a d’abord dû évoluer en *osfraie en ancien français, avant d’acquérir sa forme actuelle en moyen français.
L’emploi par extension de fresaie comme nom de l’engoulevent tient sans doute à ce que cet oiseau, sans être un oiseau de proie, est essentiellement crépusculaire ou nocturne comme les chouettes. Cet emploi avait cours dans l’Ouest de la France au milieu du 18e siècle selon F. Salerne qui laisse entendre qu’il pourrait être plus ancien. Selon lui, cela pourrait expliquer le fait qu’au milieu du 16e siècle, le naturaliste P. Belon du Mans ait confondu dans ses descriptions l’effraie et l’engoulevent :
Gesner observe que Belon a eu tort de confondre la véritable Fresaie, qui est une sorte de Hibou, avec le Tette-Chevre [l’engoulevent], qui est tout différent. […/] On l’a nommé jadis Caprimulge ou Tette-Chevre, par la raison que nous en avons donnée ci-dessus; en Saintonge & à Loudun on l’appelle encore aujourd’hui Fresaie, & il y est regardé comme un Oiseau de mauvais augure; ce qui aura sans doute trompé Belon.
Source de la citation : Salerne, 1767
La présence de cet emploi en Acadie témoigne de sa vitalité en France à l’époque coloniale.
Références et notes
Source(s) métalinguistique(s)
- TLFi
- FEW 9 praesagus, p. 305a.
- Ménage, Gilles (1650). Les origines de la langue françoise, sous fresaye (GoogleLivres, 2019/09/30).
- Cormier, Yves (1999). Dictionnaire du français acadien, sous fresaie ou ferzaie.
- Massignon, Geneviève (1962). Les parlers français d’Acadie, tome 1, p. 263, no 410 « Engoulevent ».
- Rézeau, Pierre (1984). Dictionnaire des régionalismes de l'Ouest : entre Loire et Gironde.
- Rézeau, Pierre, avec la collaboration de Jean-Paul Chauveau (1989). Dictionnaire angevin et françois (1746-1748) de Gabriel-Joseph du Pineau, p. 189.