gélinotte
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Oiseau gallinacé des milieux boisés de l’hémisphère Nord, de taille moyenne, à plumage brunâtre et tacheté, dont la queue large et relativement longue peut se déployer en éventail et dont la tête est surmontée d’une très courte huppe.
Le mot gélinotte, employé sans autre précision, désigne généralement la Gélinotte des bois en Europe et, en Amérique du Nord, la Gélinotte huppée.
phasianidé; galliforme.
Origine et histoire
Gélinotte dérive, par l’ajout du suffixe diminutif -ot(t)e, de geline, le nom ancien de la poule, qui est lui-même issu de galina, le nom de cet oiseau en latin populaire, variante du latin classique gallina. Ce dérivé, qui signifie littéralement « petite poule » est attesté depuis le 16e siècle. On relève également à époque ancienne le dérivé équivalent gelinette.
Les premières attestations de gélinotte, notamment dans les Épigrammes de C. Marot en 1541 (TLF), semblent faire référence à une poule domestique. C’est à partir du milieu du siècle, et d’abord dans le nom composé gélinotte de bois, que le mot commence à être clairement associé à un oiseau sauvage voisin de la perdrix, sans doute l’espèce appelée aujourd’hui gélinotte des bois (Rabelais, 1552 : gelinote de boys, selon le TLF; Belon du Mans, 1555 : gellinote ou gelinote de bois; Gentillet, 1585 : gelinotte) :
De la Gellinote de bois. Chap. XI. Un oyseau nommé Gellinote de bois, est quelque fois apporté à la court, & à Paris venant des forests d’Ardene, & principalement en hyver, lequel estimons estre celuy qu’on nommoit anciennement à Rome Gallina rustica. Les Coquonniers qui apportent de telles Gellinotes, viennent communement devers la Lorraine. […] Somme que qui se feindra voir quelque espèce de Perdris metive [= métisse] entre la rouge & la grise, & tenir je ne sçay quoy des plumes du Faisan, aura la perspective de la Gelinote de bois.
Source de la citation : Belon du Mans, 1555
Quelle viande est la meilleure & la plus friande tant en gibier de plume que de poil. Les uns tenoyent quant à la plume que c’estoit la perdrix, les autres le phaisan, les aucuns la gelinotte & les autres le tourd [= la grive]. […] Ceux de la gelinotte disoyent […] que c’est une poule sauvage, qui doit tenir le premier rang entre les oyseaux sauvages, comme la poule entre les domestiques.
Source de la citation : Gentillet, 1585
Gelinote et gelinote de bois sont tous deux répertoriés dans cet emploi dans le dictionnaire bilingue de R. Cotgrave en 1611, alors que les premiers grands dictionnaires français de la fin du 17e siècle ne répertorient encore dans ce sens que la forme composée.
Dans la seconde moitié du 18e siècle, le nom simple connaît une extension d’emploi chez les naturalistes qui l’adoptent comme générique technique pour désigner non seulement l’espèce présente en Europe, mais aussi d’autres espèces étroitement apparentées (incluant des tétras), et notamment des espèces nord-américaines.
Comme le montrent les précédentes citations, le mot a connu diverses graphies avant de se fixer sous la forme gelinotte (au cours du 19e siècle) et que se généralise l’emploi de l’accent aigu (au cours du 20e siècle). Mais, déjà à la fin du 18e siècle, P. Guéneau de Montbeillard écrivait gélinotte.
Taxonomie et nomenclature
Dans la nomenclature actuelle, le générique gélinotte sert à désigner trois espèces de la famille des phasianidés classées dans les genres Bonasa (d'Amérique du Nord) et Tetrastes (d'Eurasie).
Dans des noms composés
Espèces présentes au Canada ou en Europe :
gélinotte huppée* [Bonasa umbellus] : espèce nord-américaine commune, à plumage roussâtre ou grisâtre et dont la queue finement rayée est marquée à l’extrémité d’une large bande noirâtre. [syn. : (Qc/Ca) perdrix, perdrix de bois franc, perdrix grise.]
appelé aussi : (18e siècle) gelinotte de Canada; (18e–20e siècle) gélinotte du Canada, gélinotte à fraise.
gélinotte des bois* [Tetrastes bonasia], anciennement gelinote de bois : espèce eurasienne, à ventre clair tacheté de noir et de roux, et à gorge noire chez le mâle. [syn. ancien : poule des bois.]
Dans les textes relatifs à la Nouvelle-France (18e siècle), on donne parfois le nom de gélinotte de bois à la Gélinotte huppée.
Exemples d’espèces apparentées précédemment appelées gélinotte :
gélinotte à queue aiguë, gélinotte à queue fine : (dans la nomenclature nord-américaine, respectivement au 20e siècle et au 19e siècle) synonymes de tétras à queue fine*.
gélinotte des Pyrénées : (18e–19e siècle) synonyme de ganga cata*.
Références et notes
Source(s) métalinguistique(s)
- TLFi, sous gelinotte.
- FEW 4 gallina, p. 39a et b.
- Cotgrave, Randle (1611). A Dictionarie of the French and English Tongues, sous gelinote (GoogleLivres, 2022/02/08).
- Cabard et Chauvet (2003), p. 132.
- Donovan et Ouellet (1993).
Base(s) ornithologique(s) de référence
Date de consultation :
- Avibase
- Birds of the World
- Oiseaux.net