goglu
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goglu, goglu des prés* [Dolichonyx oryzivorus] : passereau granivore et insectivore des champs et prairies d’Amérique, voisin du carouge et du vacher mais à l’aspect de bruant, dont le mâle, qui émet un chant très singulier, composé d’une longue suite de notes cristallines enjouées, présente en été un plumage noir marqué de blanc grisâtre (à l’aile et au croupion) et de chamois (à l’arrière la tête).
syn. : (18e–19e siècle) ortolan de riz; (19e–20e siècle) bobolink.
ictéridé; passériforme.
Origine et histoire
Cette dénomination est issue de goguelu « (personne) qui se pavane, qui aime se mettre en valeur, qui aime plaisanter », qui a eu cours en France du 15e au 16e siècle, notamment dans les parlers populaire et régionaux, et dont l’usage s’est prolongé au Québec jusqu’au 20e siècle. La graphie goglu est également attestée comme variante graphique en France.
L’attribution de cette appellation au goglu des prés a vraisemblablement été motivée par le chant long et enjoué que cet oiseau émet en vol ou depuis un perchoir bien en vue, la forme goglu pouvant par ailleurs être perçue comme une évocation onomatopéique du début de ce chant.
Rien n'est plus remarqué, dans le pâturage qui s'étend près de chez nous, au bord du fleuve, que le moment où les Goglus cessent de chanter. S'il est un chant capable de produire un effet d'entrain, de joyeuse ferveur, d'explosion de frénésie, c'est bien le sien. [...] Écoutez bien cette succession rapide de tintements, de gazouillis, cet ensemble étonnant de notes émises sur tous les tons.
Source de la citation : Morency, 2000
Comme nom d’oiseau, goglu est bien attesté au Québec depuis le milieu du 19e siècle. On en relève les toutes premières attestations, à partir de 1840, dans des textes littéraires parus dans des journaux de Québec et de Montréal, mais signés par des écrivains d’origine européenne récemment installés au Québec. On peut penser que, si l’appellation a été si rapidement adoptée par ces auteurs, c’est que son usage était déjà largement répandu au Québec.
Goglu a cours dans la nomenclature ornithologique québécoise depuis 1861, soit depuis le premier traité d’ornithologie rédigé par J. M. LeMoine. Le terme ne s’est imposé chez les ornithologues européens qu’à partir des années 1990, avec l’adoption par la Commission internationale des noms français des oiseaux de l’appellation binominale goglu des prés.
Depuis que les premiers naturalistes français ont commencé à le décrire, soit depuis le milieu du 18e siècle, cet oiseau américain a été présenté sous des appellations très diverses, dont les plus connues sont ortolan de riz (d’abord utilisée par P. Guéneau de Montbeillard en 1778) et bobolink (appellation d’origine onomatopéique empruntée à l’anglais dans la seconde moitié du 19e siècle). Le terme ortolan, qui avait été attribué à cet oiseau américain en raison de son aspect de bruant, a été abandonné quand on a établi que ses liens avec les bruants n’étaient qu’apparents, comme le souligne C.-E. Dionne en 1883 dans l’extrait suivant :
J’ai conservé à cet oiseau le nom vulgaire de Goglu, sous lequel il est particulièrement connu en Canada, de préférence à celui d’Ortolan de riz; car cette dernière dénomination lui est impropre, puisqu’il n’a aucun caractère commun avec les ortolans.
Source de la citation : Dionne, 1883
Références et notes
Source(s) métalinguistique(s)
- TLFi
- FEW 4 gog, p. 187a.
- Cabard et Chauvet (2003), p. 384.
- Donovan et Ouellet (1993).
- Fonds documentaires et fonds lexicographique du Trésor de la langue française au Québec (tlfq.ulaval.ca, 2019/02/09).
- Hageman (2000), p. 102.
Base(s) ornithologique(s) de référence
Date de consultation :
- Avibase
- Birds of the World
- Oiseaux.net