mangeur-de-poules, mange-poules
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(Mi-18e siècle–20e siècle) Noms servant à désigner divers oiseaux de proie diurnes (autour, crécerelle, épervier, faucon, buse ou busard) perçus comme des prédateurs de volaille.
Ces appellations qui ne semblent pas avoir eu cours en France sont par ailleurs bien attestées dans diverses régions de la francophonie (Amérique du Nord, Antilles, Océan Indien).
accipitridé, accipitriforme; falconidé, falconiforme.
Origine et histoire
La nomenclature française traditionnelle compte diverses appellations d’animaux composées à partir du verbe manger ou de son dérivé mangeur et faisant référence à un comportement alimentaire. Dans la seconde moitié du 18e siècle, le Dictionnaire raisonné universel d’histoire naturelle de Valmont de Bomare mentionne notamment une dizaine de noms d’oiseaux formés à partir de mangeur de, dont mangeur de poules répertorié dès la première édition de l’ouvrage (1764).
Mangeur de poules est largement attesté comme nom d’oiseau de proie diurne depuis le milieu du 18e siècle et, déjà à l’époque, l’appellation semblait être implantée dans diverses colonies françaises. Elle est signalée par P. Barrère dès 1741 dans son traité d’histoire naturelle de Guyane, puis en 1769 par N.-L. de Lacaille dans son récit de voyage à la Réunion. Mangeur de poules est absent des grands dictionnaires de la langue française, mais il est assez régulièrement répertorié dans les dictionnaires français d’histoire et de sciences naturelles depuis le milieu du 18e siècle jusqu’à la fin du 19e siècle.
En plus de mangeur-de-poules (et de sa variante mangeux-de poules), les français nord-américains connaissent les formes voisines mangeur-de-poulets (mangeux de poulets) et mange-poules. Attestés dès le début du 19e siècle, mangeur-de-poules (Audubon, 1831) et mangeur-de-poulets (LeMaout, 1843) ont d’abord été associés à la Louisiane :
I have only here to add, that amongst the American farmers the common name of our present bird [= Red-tailed Hawk] is the Hen-hawk, while it receives that of Grand mangeur de poules from the Creoles of Louisiana.
Source de la citation : Audubon, 1831
[le faucon] recherche surtout les Faisans et les poulets : c’est ce qui l’a fait nommer épervier à poules aux États-Unis, et mangeur de poulets à la Louisiane.
Source de la citation : Le Maout, 1843
Mange-poules n’est relevé que depuis le milieu du 20e siècle (Massignon, 1962).
Selon les enquêtes linguistiques effectuées au Québec, en Acadie et à Saint-Pierre-et-Miquelon dans le dernier tiers du 20e siècle, mangeur de poules et mange-poules étaient encore largement répandues à l’époque, notamment comme nom usuel du Busard des marais. Ont également été recueillies quelques attestations de mangeur-de-poulets au Québec et en Acadie.
Références et notes
Source(s) métalinguistique(s)
- FEW 6/1 manducare, p. 174b.
- Brasseur, Patrice (2001). Dictionnaires des régionalismes du français de Terre-Neuve, p. 287, sous mangeur.
- Brasseur, Patrice et Jean-Paul Chauveau (1990), Dictionnaire des régionalismes de Saint-Pierre et Miquelon, p. 434, sous mangeur de poules.
- Cormier, Yves (1999). Dictionnaire du français acadien, sous mange-poule et mangeur-de-poules.
- Dulong, Gaston et Gaston Bergeron (1980). Le parler populaire du Québec et de ses régions voisines, vol. 6, questions 1493 « Busard des marais » et 1494 « Oiseaux de proie ».
- Fonds documentaires du Trésor de la langue française au Québec (tlfq.org, 2023/10/29).
- Lavoie, Thomas, et collaborateurs (1985). Les parlers français de Charlevoix, du Saguenay, du Lac-Saint-Jean et de la Côte-Nord, tome 2, questions 687 « Busard des marais » et 685 « Grand duc de Virginie ».
- Massignon, Geneviève (1962). Les parlers français d’Acadie, tome 1, p. 257, no 393 « Oiseau de proie (en général) ».