moineau
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Petit passereau granivore et grégaire des milieux ouverts d’Eurasie et d’Afrique, à bec noir et épais, à ailes courtes et arrondies, dont le plumage est généralement brunâtre et strié de noir sur le dessus, plus clair (grisâtre ou beige) sur le ventre.
Par extension, on donne le nom de moineau à tout petit oiseau indifférencié, notamment lorsqu’il s’agit d’oiseau à plumage plutôt terne.
Le mot moineau, employé sans autre spécification, désigne généralement le moineau domestique.
(femelle) rare moinelle.
passéridé; passériforme.
Origine et histoire
Moineau est généralement considéré comme un dérivé diminutif du moine, motivé par un rapprochement de couleur entre le plumage du moineau domestique et l’habit souvent très sombre des ordres monastiques. C’est déjà l’explication avancée au 16e siècle par le premier naturaliste français, P. Belon du Mans, qui évoque quant à lui l’habit de l’ordre mendiant des Minimes (alors appelés « (moines) enfumés »).
Du Moineau de ville. […] Cestuy est nommé un Moineau, pource qu’il semble porter un froc de la couleur des enfumez.
Source de la citation : Belon du Mans, 1555
Attesté depuis l’ancien français (vers 1200), ce dérivé est d’abord relevé au singulier sous des variantes se terminant en -el (moinnel, moinel, moisnel), ce qui correspond à la forme ancienne du suffixe diminutif actuel -eau. La forme moineau, qui a cours depuis le 16e siècle (1549) et que privilégie Belon du Mans, a été concurrencée par divers synonymes dont moinet, un autre dérivé diminutif de moine, également attesté depuis l’ancien français.
Les écrits de Belon du Mans montrent bien que, déjà à cette époque, le mot moineau était à la fois utilisé comme nom spécifique du moineau domestique (que Belon appelait aussi moineau de ville) et comme appellation générique pour désigner quelques oiseaux similaires (voir la citation sous friquet). Dans les milieux naturalistes, le terme moineau et son pendant anglais sparrow connaîtront une très large extension dans la seconde moitié du 18e siècle et la première du 19e siècle, comme le signale Z. Gerbe en 1846 dans le Dictionnaire universel d’histoire naturelle :
Moineau. Fringilla. […] ─ Les ornithologistes ne donnent pas tous à ce mot la même valeur; les uns l’emploient comme nom de famille, les autres comme nom de genre et de sous-genre; d’autres s’en servent seulement pour désigner quelques espèces. De ces trois exceptions [= acceptions?], nous adopterons la plus large; en d’autres termes, à l’exemple de G. Cuvier, de M. Lesson et de plusieurs autres naturalistes, nous considérerons ici les Moineaux comme composant une nombreuse tribu ou famille caractérisée par un bec presque régulièrement conique, épais, fort, large à sa base, pointu au sommet, et par des narines arrondies et en partie cachées par les plumes du front.
Source de la citation : Gerbe, 1846
Devant la concurrence des génériques français gros-bec et pinson, l’extension d’emploi de moineau va progressivement régresser par la suite. Certains noms actuellement en usage chez les oiseleurs (comme moineau de Java et moineau du Japon) semblent témoigner de cette ancienne valeur très large du mot moineau, mais ils s’expliquent plus directement par le calque des appellations correspondantes (Java sparrow et Japanese sparrow) qui sont d’abord attestées en anglais, où sparrow a plus largement conservé sa valeur générique ancienne.
Taxonomie et nomenclature
Dans la nomenclature actuelle, le générique moineau sert à dénommer une trentaine d’espèces de passériformes de la famille des passéridés, classées pour la plupart dans le genre Passer, mais aussi dans les genres Carpospiza, Gymnoris et Petronia.
Dans des noms composés
Espèce cosmopolite :
moineau domestique* [Passer domesticus] : espèce la plus commune, originaire d’Eurasie mais introduite sur les autres continents, qui fréquente les lieux habités et notamment les villes, et dont le mâle se distingue par une calotte et des joues grises, ainsi que par une large bavette noire. [syn. : piaf, pierrot; (18e–mi-20e siècle) moineau commun, moineau franc, moineau ordinaire.]
Autres espèces communes en France :
moineau friquet* [Passer montanus] : espèce proche du moineau domestique, mais plus campagnarde, dont la tête (chez les deux sexes) est caractérisée par une calotte brune et des joues blanches marquées d’une tache noire. [voir : friquet.]
moineau soulcie* [Petronia petronia] : grande espèce des milieux rocailleux présente dans le sud de la France, à bec partiellement jaunâtre et à plumage relativement terne, qui présente une petite tache jaune à la gorge et des rayures à la tête qui dessinent de larges sourcils clairs au dessus des yeux. [syn. : (16e–19e siècle) moineau à la soulcie.] [voir : soulcie.]
Espèces connues comme oiseaux de voilière :
moineau doré* [Passer luteus] : petite espèce originaire du Sahel africain, dont la femelle est peu striée et dont le mâle est de couleur jaune doré avec le dos et les ailes brunâtres.
moineau de Guinée : (fin 18e–20e siècle) synonyme d’inséparable à tête rouge*.
moineau de Java : nom donné au padda de Java*.
moineau du Japon : nom donné au capucin bistré* (forme domestique du capucin domino*).
Références et notes
Source(s) métalinguistique(s)
- TLFi
- FEW 6.3 monachus, p. 68a.
- Robert historique (1992)
- Cabard et Chauvet (2003), p. 351.
- Donovan et Ouellet (1993).
- Hageman (2000), p. 119.
Base(s) ornithologique(s) de référence
Date de consultation :
- Avibase
- Birds of the World
- Oiseaux.net