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moqueur

Genre

masculin

Prononciation

[mɔkœʀ]

Graphie

(17e–18e siècle) Aussi écrit mocqueur.

Début de l'article

Définition (emploi principal du mot-entrée).

(En référence au contexte américain) Oiseau chanteur du continent américain, voisin du merle et de la grive mais à queue plus longue (qu’il porte souvent relevée) et à bec fort (plus ou moins long et plus ou moins arqué selon les espèces), qui est reconnu pour son aptitude à imiter le chant d’autres oiseaux ainsi qu’une variété d’autres bruits.

Remarque complémentaire à la définition du mot-entrée.

Aux 17e et 18e siècles, le mot moqueur, utilisé sans autre spécification, servait généralement à désigner le Moqueur polyglotte.

Nom(s) associé(s): ensemble d’oiseaux plus large.

mimidé; passériforme.

Définition (emploi principal du mot-entrée).

(En référence au contexte africain) (19e–20e siècle) Synonyme d’irrisor, et plus spécifiquement d’irrisor moqueur* (oiseau grégaire et bruyant du continent africain).

Nom(s) associé(s): ensemble d’oiseaux plus large.

phoeniculidé; bucéritiforme.

Origine et histoire

Moqueur comme nom d’oiseau du continent américain.

Attesté comme nom d’un oiseau nord-américain depuis 1676, moqueur correspond à l’adaptation française de l’anglais nord-américain mocking bird dont la première attestation est à peine plus ancienneLe synonyme mock-bird était toutefois déjà attesté en anglais nord-américain depuis 1649 (OED).. On relève la première mention du nom anglais (Mocking-Bird) dans une relation de voyage en Virginie publiée en juin 1676« An Account of Virginia […]. Communicated by Mr. Thomas Glover, an ingenious Chirurgion that hath lived some years in that Country », Philosophical Transactions of the Royal Society of London, volume 11, juin 1676, p. 631 (royalsocietypublishing.org, 2023/02/05)., où il est question du Moqueur polyglotte, et celle du nom français (mocqueur) dans la traduction française de cette relation publiée en décembre de la même année« Extrait du Journal d’Angleterre contenant la description que M. Gloüer a envoyée de la Virginie, où il demeuré plusieurs années », Journal des Sçavans, décembre 1676, p. 351 (GoogleLivres, 2023/02/05).. L’auteur de la relation précise que l’oiseau a été nommé ainsi en raison de ses aptitudes vocales et de son talent d’imitateur :

Outre les oyseaux ordinaires qu’on voit ailleurs, on en trouve de trois sortes qui sont particuliers à ce Païs, sçavoir l’oyseau qu’on appelle MocqueurDans le texte original anglais : « There are also divers kinds of small Birds, whereof the Mocking-bird, the Red-Bird, and Humming-bird […] »., l’oiseau Rouge & l’oiseau qui murmure. Le premier de ces oiseauxDans le texte original anglais : « As to the Mocking-Bird, besides his own natural notes […], he imitateth all the birds in the woods, from whence he taketh his name […] ». est ainsi nommé parce qu’il n’imite pas seulement la voix naturelle de l’homme, mais encore celle de toutes sortes d’oiseaux, si bien que de cette manière il se déguise sous telle figure qu’il luy plaist, & trompe ainsi les chasseurs.

Source de la citation : Journal des Sçavans, 1676

Moqueur comme nom d’oiseau du continent africain.

Au début du 19e siècle, le mot moqueur a commencé à être utilisé pour désigner des oiseaux d’Afrique subsaharienne, et en premier lieu l’Irrisor moqueur, à l’initiative de l’explorateur et naturaliste F. Levaillant. Cet emploi n’est pas lié à l’emploi précédent, mais calqué sur une appellation sud-africaine. En 1790[Levaillant, François] (1790). Voyage de M. Le Vaillant dans l’intérieur de l’Afrique par le Cap de Bonne-Espérance, tome 2, p. 302 : « J’augmentois, de jour en jour, mes collections et je les enrichis là d’un oiseau magnifique, inconnu des ornithologistes; mes gens lui donnèrent le nom d’Uyt-Lager (le moqueur). » (GoogleLivres, 2023/02/07)., dans son Voyage à l’intérieur de l’Afrique, Levaillant n’avait mentionné le mot moqueur que comme traduction du nom local de cet oiseau. Mais en 1807Levaillant, François (1807). Histoire naturelle des Promerops, et des Guèpiers, p. 8 (biodiversitylibrary.org, 2023/02/07)., dans son Histoire naturelle des Promerops et des Guèpiers, où l’Irrisor moqueur est présenté sous le nom technique de Promerops moqueur, le naturaliste a complété la description de son comportement, expliquant ainsi l’élément spécifique de son appellation :

[…] on les entend incessamment crier par-tout où ils se trouvent, et […] ils sont si peu craintifs et naturellement si curieux ou confiants, qu’ils accourent tous dès qu’ils voient un homme, un chien ou tout autre animal, autour duquel ils se rassemblent […] en répétant à l’unisson, et avec une vitesse étonnante, leur cri guttural : Gra-ga-ga-ga-ga-ga-ga-ga […]. Vous arrêtez-vous un instant, ils se portent tous sur l’arbre le plus voisin de vous; et là, continuant leur bruyant caquetage, ils se redressent sur leurs pieds, et se balancent tout le corps de côté et d’autre, de manière à faire croire qu’ils vous narguent, qu’ils se moquent de vous.

Source de la citation : Levaillant, 1807

En 1830Lesson, René Primevère (1831). Traité d’ornithologie ou Tableau méthodique des ordres, sous-ordres, familles, tribus, genres, sous-genres et races d’oiseaux, p. 239 (GoogleLivres, 2023/02/07; livraison de juillet 1830 selon zoonomen.net)., le naturaliste français R. P. Lesson a introduit un nouveau taxon basé sur ce type d’oiseau africain auquel il a associé moqueur comme terme technique français et Irrisor (du mot latin signifiant « moqueur ») comme terme scientifique latin. Le Procerops moqueur de Levaillant a alors été renommé moqueur du cap.

Dans la nomenclature technique, cet emploi plus générique de moqueur a eu cours jusqu’à la fin du 20e siècle, avant d’être remplacé par irrisor. Moqueur a alors été rétabli comme élément spécifique du nom de l’Irrisor moqueur.

Taxonomie et nomenclature

Dans la nomenclature actuelle, le générique moqueur sert à dénommer une trentaine d’espèces de passériformes de la famille des mimidés, principalement réunies dans les genres Mimus et Taxostoma, mais classées également dans une demi-douzaine d’autres genres (Allenia, Dumetella, Margarops, Melanoptila, Melanotis, Oreoscoptes et Ramphocinclus).

Moqueur sert également d’élément spécifique dans la dénomination de l’Irrisor moqueur (Phoeniculus purpureus), une espèce africaine de la famille des phoeniculidés (ordre des bucérotiformes (voir ci-dessus).

Dans des noms composés

Sous-ensemble de noms d’espèces.

(en référence au contexte américain ) Espèces nicheuses de l’Est du Canada, à bec légèrement arqué :

Nom(s) composé(s) d’espèce(s) faisant l’objet d’une sous-entrée.

moqueur chat* [Dumetella carolinensis] : petite espèce à plumage gris ardoise avec la calotte noire et une tache rouille sous la queue, qui fréquente les lieux broussailleux et dont le chant est notamment composé de sons similaires à des miaulements. [syn. : (Qc/Ca) (19e siècle) chatProvancher, Léon (1871). « Faune canadienne. Les oiseaux », dans Le Naturaliste canadien, vol. 3, no 2, p. 37, sous La Grive Catbird : « Cette grive est à peu près inconnu [sic] dans les environs de Québec; mais nous l’avons fréquemment rencontrée à Nicolet et à Bécancour. Tous les enfants là connaissent ses miaulements qui lui ont valu le nom de Chat qu’elle porte communément. » (GoogleLivres, 2023/02/06)., (19e–20e siècle) merle(-)chat; (19e–début 20e siècle, notamment dans la nomenclature nord-américaine) grive(-)chat, grive de la Caroline.]

Remarque complémentaire relative à la sous-entrée.

En usage depuis 1957 et d’abord écrit avec un trait d’union.

Remarque complémentaire relative à la sous-entrée.

Les synonymes merle(-)chat et grive(-)chat ont été précédés des appellations merle CatbirdVieillot, Louis Pierre (1807). Histoire naturelle des oiseaux de l'Amérique septentrionale, tome 1, p. 10 (biodiversitylibrary.org, 2023/02/07). et grive CatbirdProvancher, Léon (1871). Ibidem. formées d’après le nom donné à cette espèce en anglais nord-américain depuis le début du 18e siècle (OED).

Nom(s) composé(s) d’espèce(s) faisant l’objet d’une sous-entrée.

moqueur polyglotte* [Mimus polyglottos] : espèce des milieux ouverts, des parcs et jardins, à dos gris, à poitrine claire et aux ailes noires tachées de blanc, qui est reconnue pour la grande variété de son chant. [syn. : (19e siècle) moqueur de (la) Virginie; (début 20e siècle) grive polyglotte.]

Nom(s) composé(s) d’espèce(s) faisant l’objet d’une sous-entrée.

moqueur roux* [Toxostoma rufum] : grande espèce se tenant souvent au sol en milieu ouvert, dont le plumage, à dessus roux et à dessous clair tacheté, rappelle celui d’une grive. [syn. : (18e siècle) moqueur français«This Bird is called in Virginia the French Mockbird » / « A la Virginie on appelle cet Oiseau le Moqueur François. » dans : Catesby, Mark (1731). The Natural History of Carolina, Florida and the Bahama Islands. Histoire naturelle de la Caroline, la Floride, & les Isles Bahama, tome 1, p. 28, à l’article The Fox coloured Thrush./Grive rousse. (biodiversitylibrary.org, 2023/02/06). L’appellation a été reprise par P. Guéneau de Montbeillard dans : Buffon, Georges-Louis Leclerc de, et coll. (1775). Histoire naturelle des oiseaux, tome 3, p. 323 (GoogleLivres, 2023/02/06)., grive de la CarolineVoir notamment : Brisson, Mathurin (1760). Ornithologie ou Méthode contenant la division des oiseaux en ordres, sections, genres, especes & leurs variétés, tome 2, p. 223 (GoogleLivres, 2023/02/06).; (18e–début 20e siècle)Depuis Catesby 1731 (voir ci-dessus). grive rousse.]

Sous-ensemble de noms d’espèces.

(en référence au contexte américain ) Dans la dénomination d'une espèce voisine de la famille des mimidés : 

Nom(s) composé(s) d’espèce(s) faisant l’objet d’une sous-entrée.

moqueur trembleur : (20siècle) synonyme de trembleur.

Sous-ensemble de noms d’espèces.

(en référence au continent africain)

Nom(s) composé(s) d’espèce(s) faisant l’objet d’une sous-entrée.

moqueur du Cap : (première moitié du 19e siècle) synonyme d’Irrisor moqueur.

Références et notes

Source(s) métalinguistique(s)

  • TLFi
  • FEW 6/3 mokk-, p. 22a.
  • Oxford English Dictionary Online, sous catbird, mock-bird et mockingbird (2023/02/07).
  • Cabard et Chauvet (2003), p. 276-277.
  • Donovan et Ouellet (1993).
  • Hageman (2000), p. 120.

Base(s) ornithologique(s) de référence

Date de consultation :

  • Avibase
  • Birds of the World
  • Oiseaux.net

Note(s)