motmot, momot
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Oiseau arboricole d’Amérique tropicale (du Mexique au centre de l’Amérique du Sud), de taille moyenne, à dominante de vert avec de larges zones bleutées et rousses, et avec un bandeau noir sur les yeux, qui est pourvu d’un bec allongé, large et aplati, et d’une longue queue étagée prolongée (chez plusieurs espèces) de deux plumes centrales à tige nue s’élargissant en ovale à la pointe, qui se nourrit de gros insectes et de petits invertébrés et qui se creuse une cavité dans le sol pour nicher.
momotidé; coraciiforme.
Origine et histoire
Les variantes momot et motmot, toutes deux attestées en français depuis la seconde moitié du 18e siècle, résultent de l’emprunt par l’intermédiaire du latin scientifique et de l’anglais de l’appellation mexicaine du Motmot à tête rousse, vraisemblablement d’origine nahualt.
On relève la première attestation du mot, orthographié motmot, dans un traité d’histoire naturelle du Mexique rédigé en latin par le médecin et naturaliste espagnol F. Hernández; rédigé dans la première moitié du 16e siècle, ce traité n’a été publié qu’au 17e siècle (d’abord sous forme abrégée en 1615, puis plus complète en 1651).
En 1635, dans un ouvrage de compilation basé entre autres sur le traité d’Hernández et également rédigé en latin, le naturaliste espagnol J. E. Nieremberg adopte quant à lui la graphie momot, qui sera systématiquement reprise par les naturalistes anglais de la seconde moitié du 17e siècle.
C’est en 1760 dans le traité d’ornithologie de M. Brisson qui reprend la graphie des naturalistes anglais qu’on relève la première attestation du mot en français. Brisson adopte momot comme terme générique français qu’il latinise en Momotus pour établir un générique latin correspondant.
L’hésitation entre les deux graphies commence à se manifester une vingtaine d’années plus tard dans l’Histoire naturelle des oiseaux (1779) de G.-L. Leclerc de Buffon qui opte, en entrée de son article pour la forme momot, alors qu’il utilise toujours motmot dans ses notes de bas de page.
Si l’emploi de momot se généralise rapidement au 19e siècle, certains auteurs importants comme G. Cuvier et C. J. Temminck emploient aussi motmot.
Motmot a remplacé momot comme graphie de référence en ornithologie au cours des dernières décennies du 20e siècle. En 1977, dans son « Projet de nomenclature française des oiseaux du monde », l’ornithologue belge P. Devillers a opté pour motmot et expliqué ainsi son choix :
"Momot" et "motmot" ont tous deux été utilisés, le premier par Brisson, Vieillot, Lesson, le second par Levaillant, Lesson, Cuvier, Temminck, Daubenton. J’ai choisi "Motmot" par analogie avec l’anglais et l’allemand, et parce que cette double syllabe est plus évocatrice de la voix de ces oiseaux.
Le choix de Devillers a été normalisé par la Commission internationale des noms français des oiseaux au début des années 1990.
Taxonomie et nomenclature
Dans la nomenclature actuelle, le générique motmot sert à dénommer la quinzaine d’espèces de coraciiformes que compte la famille des momotidés; ces espèces sont réparties dans six genres dont le genre principal Momotus réunit la moitié des espèces.
À la suite d’une confusion remontant au 18e siècle, motmot est également utilisé comme élément spécifique dans la dénomination de l’Ortalide motmot qui appartient à une tout autre famille (celle des cracidés, de l’ordre des galliformes).
Dans des noms composés
Premières espèces décrites sous le nom de motmot, toutes deux pourvues d’une queue dont les plumes centrales se terminent en palette :
motmot à tête rousse* [Momutus mexicanus] : espèce présente au Mexique et au Guatémala, à large calotte rousse et à dessous verdâtre.
motmot houtouc*, (19e siècle) momot houtou [Momutus momota] : grande espèce du bassin amazonien, à large calotte bleu et noir et à dessous orangé.
L’élément spécifique houtouc reprend l’appellation guyanaise de formation onomatopéique de cette espèce que G.‑L. Leclerc de Buffon a été le premier à signaler en 1779 sous la forme houtou : « le houtou ou momot. Nous conservons à cet oiseau le nom de Houtou que lui ont donné les naturels de la Guyane, & qui lui convient parfaitement, parce qu’il est l’expression même de sa voix : il ne manque jamais d’articuler houtou brusquement et nettement toutes les fois qu’il saute […]. » La forme ancienne houtou a été remplacée par houtouc à la fin du 20e siècle.
Références et notes
Source(s) métalinguistique(s)
- Jobling, J. A., Key to Scientific Names in Ornithology, sous Momotus et momot (birdsoftheworld.org, 2024/02/21).
- Myers, Susan (2022). The Bird Name Book, sous Motmot.
- Oxford English Dictionary, sous motmot (oed.com, 2024/02/22).
Base(s) ornithologique(s) de référence
Date de consultation :
- Avibase
- Birds of the World
- eBird
- Oiseaux.net