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moucherolle

Genre

masculin ou féminin

Précisions sur le genre

Le mot est masculin dans la nomenclature ornithologique, mais généralement présenté comme féminin dans les dictionnaires de langue (voir ci-dessous).

Prononciation

[muʃʀɔl]

Graphie

Selon les rectifications orthographiques : moucherole. Cette graphie a également eu cours aux 18e et 19e siècles.

Début de l'article

Définition (emploi principal du mot-entrée).

(Sens large) Passereau insectivore du continent américain, de taille variable, à dessus généralement verdâtre ou grisâtre et à dessous plus clair, qui est pourvu d’un bec aplati (à pointe crochue chez bon nombre d'espèces) et d’une tête large (souvent surmontée d’une courte huppe), et qui repère habituellement ses proies depuis un perchoir d’où il s’élance prestement pour les happer en vol en produisant un claquement de bec sonore.

Nom(s) associé(s): synonymes ou quasi-synonymes.

syn. : (19e–20e siècles) gobe-mouche américain.

Nom(s) associé(s): ensemble d’oiseaux plus restreint.

ada, attila, bec-en-arc, calandrite, calypture, corythopis, doradite, dormilon, élénie, gaucho, lessonie, microtyran, moucherolle (sens étroit), néopipi, pépoaza, piprite, pipromorphe, pitajo, platyrhynque, tachuri, taurillon, todirostre, tyran, tyranneau.

Définition (emploi principal du mot-entrée).

(Sens étroit) Passereau de ce type, mais de taille petite ou moyenne et à plumage relativement discret.

Nom(s) associé(s): ensemble d’oiseaux plus restreint.

pioui.

Nom(s) associé(s): ensemble d’oiseaux plus large.

tyrannidé; passériforme.

Origine et histoire

Dérivé de mouche par l’ajout du suffixe -erole, moucherolle est attesté comme nom d’oiseau depuis le milieu du 16e siècle. Le naturaliste P. Belon du Mans (1555)Belon du Mans, Pierre (1555). L'histoire de la nature des oyseaux, avec leurs descriptions, & naïfs portraicts retirez du naturel, p. 375 (GoogleLivres, 2023/02/02) le mentionne alors comme une autre appellation de son petit Mouchet, connu aujourd’hui sous le nom d’accenteur mouchet :

Du petit Mouchet. […] maintenant parlerons d’un petit oysillon de la grandeur d’une Fauvette, hantant les buissons, qui mange les mousches, & de là est aussi nommé Moucherolle.

Source de la citation : Belon du Mans, 1555

En 1765, l’Encyclopédie de Diderot et de Le Rond d’Alembert ne fera toujours état que de ce seul emploi spécifique, mais déjà depuis la fin du 17e siècle d’autres sources (Traité universel des drogues simples, 1698Lémery, Nicolas (1698). Traité universel des drogues simples, p. 512 (archive.org, 2023/02/02).; Dictionnaire universel, 1725) avaient commencé à présenter moucherolle comme une vague appellation générique.

C’est dans la version bilingue (1758)Edwards, George (1758). Gleanings of Natural History. Glanures d’histoire naturelle, traduit de l’anglais par J. Du Plessis; voir notamment, première partie, p. 93 (« La Moucherolle olive ») et 101 (« La Moucherolle à queue jaune ») (biodiversitylibrary.org, 2023/02/01). des Glanures d’histoire naturelle du naturaliste anglais G. Edwards qu’on relève les premières attestations de moucherolle servant de base à des noms composés d’espèces précises : moucherolle y est utilisé comme équivalent français de l’anglais flycatcher (alors écrit fly-catcher).

Le terme sera repris par G.-L. Leclerc de Buffon en 1778Buffon, Georges-Louis Leclerc de, et coll. (1778). Histoire naturelle des oiseaux, tome 4, p. 566 et suivantes (GoogleLivres, 2023/02/02). pour dégager un nouveau type d’oiseaux insectivores intermédiaire entre celui des gobe-mouches et celui des tyransDans son traité d’ornithologie de 1760, Brisson n’avait utilisé que les génériques gobe-mouche et tyran. Voir : Brisson, Mathurin (1760). Ornithologie ou Méthode contenant la division des oiseaux en ordres, sections, genres, especes & leurs variétés, , tome 2, p. 391 et suivantes (GoogleLivres, 2023/01/29). :

Les moucherolles. Pour mettre de l’ordre & de la clarté dans l’énumération des espèces du genre très-nombreux des gobe-mouches, nous avons cru devoir les diviser en trois ordres, relativement à leur grandeur, & nous sommes convenus d’appeler moucherolles, ceux qui étant plus grands que les gobe-mouches ordinaires, le sont moins que les tyrans, & forment entre ces deux familles, une famille intermédiaire où s’observent les nuances & le passage de l’une à l’autre.

Source de la citation : Leclerc de Buffon, 1778

La distribution complémentaire des termes gobe-mouche, moucherolle et tyran envisagée par Leclerc de Buffon ne s’est pas imposée. Au cours des décennies suivantes, plusieurs autres distributions de ces génériques ont été proposées sans parvenir à faire l’unanimité :

Moucherolles et gobe-mouches. […] Ces dénominations et celle des tyrans ont été données à des oiseaux qui vivent principalement de mouches, mais qui sont si nombreux en espèces, que les divers ornithologistes n’ont pas cherché à dissimuler l’embarras qu’ils ont éprouvé pour les distribuer d’une manière convenable. Presque tous les ont regardés comme devant être naturellement placés à la suite des oiseaux carnassiers; mais ils sont peu d’accord sur les subdivisions. »

Source de la citation : Dictionnaire des sciences naturelles, 1824Dictionnaire des sciences naturelles, 1814, tome 33, p. 75 (biodiversitylibrary.org, 2023/02/01). L’article Moucherolles et gobe-mouches porte la signature de Charles Henri Dumont de Sainte-Croix, qui rappelle les propositions de différents auteurs (Levaillant, Cuvier, Vieillot, Temminck).

Selon la nomenclature adoptée à la fin du 20e siècle par la Commission internationale des noms français des oiseauxCommission internationale des noms français des oiseaux (1993). Noms français des oiseaux du monde, p. 89-90 et 133-135., le générique moucherolle est maintenant réservé aux seuls petits insectivores américains de la famille des tyrannidés, alors que gobemouche sert à dénommer une grande partie des petits insectivores d’Eurasie et d’Afrique relevant de la famille des muscicapidés.

Genre ─ Le genre attribué par les lexicographes au terme moucherolle a beaucoup fluctué depuis le 18e siècle. Féminin dans le Dictionnaire universel d’A. Furetière (1725) et le Traité de l’orthographe françoise de 1747, il est présenté comme masculin dans le Dictionnaire universel françois et latin (édition de 1752) ainsi que dans la plupart des dictionnaires suivants des 18e et 19e siècles. À l’instar du Dictionnaire général d’A. Hatzfeld et A. Darmesteter (1890-1900), les dictionnaires du 20e siècle vont rétablir le genre féminin. Or, depuis l’époque de Leclerc de Buffon, les naturalistes ont unanimement opté pour le genre masculin; et c’est toujours ce genre qui a cours dans la nomenclature actuelle.

Graphie ─ Dans les dictionnaires du 18e siècle, le mot est d’abord répertorié sous la graphie moucherole, mais dans son édition de 1762, l’Académie française adopte la forme moucherolle qui va assez rapidement s’imposer par la suiteLe Dictionnaire général d’A. Hatzfeld et A. Darmesteter (1890-1900) se démarque toutefois en privilégiant la forme moucherole, moucherolle n’étant présenté que comme une variante..

Taxonomie et nomenclature

Dans la nomenclature actuelle, le générique moucherolle (sens étroit) sert à dénommer plus de soixante-quinze espèces de passériformes de la famille des tyrannidés, principalement classées dans les genres Contopus, Empidonax et Myiophobus, mais réparties également dans une vingtaine d’autres genres (Alectrurus, Aphanotriccus, Arundinicola, Cnemarchus, Cnemotriccus, Colonia, Fluvicola, Gubernetes, Heteroxolmis, Hirundinea, Lathrotriccus, Mitrephanes, Muscipipra, Myiotheretes, Myiotriccus, Nephelomyias, Ochthornis, Pyrocephalus, Pyrrhomyias, Satrapa, Sayornis et Xenotriccus).

Dans des noms composés

Sous-ensemble de noms d’espèces.

Espèces nicheuses de l’Est du Canada :

Nom(s) composé(s) d’espèce(s) faisant l’objet d’une sous-entrée.

moucherolle des aulnes* [Empidonax alnorum] : espèce commune le long des lacs et des cours d’eau bordés d’aulnes et de saules, à dessus olivâtre et dessous blanchâtre.

Nom(s) composé(s) d’espèce(s) faisant l’objet d’une sous-entrée.

moucherolle phébi* [Sayornis phoebe] : espèce de couleur assez terne, voisin des piouis mais sans bandes alaires apparentes, et reconnaissable à son cri (que traduit le spécifique phébi).

Remarque complémentaire relative à la sous-entrée.

Cette appellation a cours depuis 1957Comité permanent des noms français des oiseaux du Canada (1957). Liste des noms français des oiseaux du Canada, p. 12.. Au 19e siècle, l’espèce a été décrite sous divers autres noms (moucherolle brun, moucherolle noirâtre, moucherolle pewit); voir aussi sous pioui.

Remarque complémentaire relative à la sous-entrée.

Le spécifique phébi correspond à l’adaptation française de l’anglais phoebe (Eastern Phoebe) lui-même d’origine onomatopéique.

Nom(s) composé(s) d’espèce(s) faisant l’objet d’une sous-entrée.

moucherolle tchébec* [Empidonax minimus] : petite espèce des forêts claires, proche du Moucherolle des aulnes et reconnaissable à son cri puissant (que traduit le spécifique tchébec).

Remarque complémentaire relative à la sous-entrée.

Cette appellation a cours depuis le milieu du 20e siècleVoir notamment : Comité permanent des noms français des oiseaux du Canada (1957). Liste des noms français des oiseaux du Canada, p. 13.. On a précédemment décrit cette espèce comme le petit moucherolle.

Remarque complémentaire relative à la sous-entrée.

Le spécifique tchébec correspond à l’adaptation française de l’anglais chebec (Chebec flycatcher) lui-même d’origine onomatopéique

Sous-ensemble de noms d’espèces.

Dans des noms anciens d’espèces voisines renommées à partir d’autres génériques :

Nom(s) composé(s) d’espèce(s) faisant l’objet d’une sous-entrée.

moucherolle à huppe (20e siècle), moucherolle huppé (19e–début 20e siècle) : synonymes de tyran huppé*.

Nom(s) composé(s) d’espèce(s) faisant l’objet d’une sous-entrée.

moucherolle de la Caroline : (fin 19e siècle) synonyme de tyran tritri*.

Nom(s) composé(s) d’espèce(s) faisant l’objet d’une sous-entrée.

moucherolle verdâtre : (19e siècle) synonyme de pioui de l’Est*.

Références et notes

Source(s) métalinguistique(s)

  • TLFi
  • FEW 6/3 musca, p. 256a.
  • Dictionnaire de l’Académie française (1762), 4e édition (dictionnaire-academie.fr, 2023/02/02).
  • Dictionnaire universel françois et latin (1752), tome 5, sous moucherole.
  • Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, sous la direction de Denis Diderot et de Jean Le Rond d’Alembert, tome 10, 1765 (gallica.bnf.fr, 2023/02/01).
  • Furetière, Antoine (1725). Dictionnaire universel, corrigé et augmenté par M. Basnage de Beauval et Brutel de La Rivière (GoogleLivres, 2023/02/01).
  • Hatzfeld, Adolphe, Arsène Darmesteter et Antoine Thomas (1890-1900). Dictionnaire général de la langue française.
  • Donovan et Ouellet (1993).
  • Hageman (2000), p. 121-123.
  • Jobling, J. A. (2023). Key to Scientific Names in Ornithology, sous phoebe (birdsoftheworld.org, 2023/02/02).

Base(s) ornithologique(s) de référence

Date de consultation :

  • Avibase
  • Birds of the World
  • Oiseaux.net

Note(s)