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perdrix

Genre

féminin

Prononciation

[pɛʀdʀi]

Graphie

(16e–mi-17e siècle) perdris.

Début de l'article

Définition (emploi principal du mot-entrée).

(sens étroit) Oiseau gallinacé originaire des milieux ouverts d’Eurasie et d’Afrique, à plumage généralement gris ou brun et marqué de rayures rousses sur les flancs, voisin de la gélinotte mais plus petit, plus trapu et moins adapté au froid (narines et pattes non emplumées), qui vit généralement en petits groupes et dont plusieurs espèces ont été introduites comme gibier dans diverses régions du globe.

Autre(s) nom(s) étroitement associés au mot-entrée.

(petit) perdreau.

Autre(s) nom(s) étroitement associés au mot-entrée.

(pour exprimer le cri) cacaber, criailler.

Nom(s) associé(s): ensemble d’oiseaux plus restreint.

bartavelle.

Nom(s) associé(s): ensemble d’oiseaux plus large.

phasianidé; galliforme.

Définition (emploi secondaire du mot-entrée).

(sens large, généralement dans des noms composés usuels) Nom générique servant à désigner la perdrix (sens étroit) et les oiseaux gallinacés similaires de taille moyenne (gélinotte, lagopède et tétras).

Remarque complémentaire à la définition du mot-entrée.

En Amérique du Nord, qui ne compte pas de perdrix indigènes, le mot perdrix a traditionnellement servi à désigner ces autres espèces voisines.

Définition (emploi secondaire du mot-entrée).

(Qc/Ca) Nom usuel de la Gélinotte huppée*.

Origine et histoire

Ce nom est d’abord attesté en ancien français (vers 1119) sous la forme perdix qui est issue de perdicem, forme de l’accusatif (du complément d’objet) de perdix, perdicis, le nom latin de la perdrix, lui-même d’origine grecque (perdix, perdikos). Toujours au 12e siècle (vers 1170), on relève la forme perdriz qui témoigne déjà du dégagement phonétique d’un deuxième r. La forme actuelle est attestée depuis la fin du 14e siècle, mais on relèvera également la graphie perdris jusqu’au milieu du 17e siècle.

Il est vraisemblable qu’en français, le mot ait dès le départ été plus particulièrement associé aux deux espèces les plus communes de France, la Perdrix grise et la Perdrix rouge, mais à l’époque de P. Belon du Mans, soit au milieu du 16e siècle, on avait déjà commencé à se servir du mot perdrix par analogie pour désigner également le Lagopède alpinBelon du Mans, Pierre (1555). L'histoire de la nature des oyseaux, avec leurs descriptions, & naïfs portraicts retirez du naturel, p. 259 (GoogleLivres, 2022/02/11). :  

De la Perdris blanche. chap. XVII. Tout ainsi que le Francolin, & Coc de bois [= gélinotte des bois], qui ont à hanter les froides montagnes, ont leurs jambes & pieds couvertes de plumes, tout aussi ceste Perdris blanche, qui hante semblables contrees, ayant les jambes & pieds couverts de plumes fut nommee en Latin Lagopus. Car qui voiroit une de ses jambes, diroit proprement que c’est le pied d’un Lievre. […] C’est à bon droit que les Savoysiens, & aultres habitans des montagnes ont nommé ceste Perdris blanche : car elle ensuit la Perdris tant en meurs, en voix, comme aussi en la similitude & en saveur, sinon qu’elle est de moindre corpulence.

Source de la citation : Belon du Mans, 1555

De taille intermédiaire entre la caille et le faisan, et mieux connue que la gélinotte, la perdrix a naturellement servi de principal point de référence à l’époque coloniale pour décrire et dénommer les nouvelles espèces de gallinacés ou de types similaires rencontrées. Dans l’extrait suivant, écrit au milieu du 17e siècleBoucher, Pierre (1664). Histoire veritable et naturelle des moeurs & productions du pays de la Nouvelle France, vulgairement dite le Canada, p. 70-71 (canadiana.ca, 2022/02/12)., P. Boucher décrit les trois principaux types de gallinacés de taille moyenne présents en la Nouvelle-France (le Lagopède, le Tétras du Canada et la Gélinotte huppée) :

Il y a trois sortes de Perdrix; les unes sont blanches, & elles ne se trouvent que l'Hyver, elles ont de la plume jusques sur les argots, elles sont fort belles & plus grosses que celles de France, la chair en est delicate. Il y a d'autres Perdrix qui sont toutes noires, qui ont des yeux rouges : elles sont plus petites que celles de France, la chair n'en est pas si bonne à manger; mais c'est un bel oyseau, & elles ne sont pas bien communes. Il y a aussi des Perdrix grises, qui sont grosses comme des poules : celles-là sont fort communes & bien-aisées à tuer; car elles ne s'enfuyent quasi pas du monde : la chair est extremément blanche & seiche.

Source de la citation : Boucher, 1664

Et les naturalistes du siècle suivant vont étendre l’emploi technique de perdrix à d’autres oiseaux terrestres de types similaires, comme le Tinamou d’Amérique du Sud, qui était déjà appelé grosse perdrix par les Français de GuyaneBarrère, Pierre (1741). Essai sur l'histoire naturelle de la France équinoxiale, p. 138 (biodiversitylibrary.org, 2022/02/12). et que M. Brisson en 1760Brisson, Mathurin (1760). Ornithologie ou Méthode contenant la division des oiseaux en ordres, sections, genres, especes & leurs variétés, tome 1, p. 227 (GoogleLivres, 2022/02/12). va répertorier et décrire sous le nom technique de perdrix du Brésil. C’est également ce naturaliste qui, à la même époque, va introduire le nom de perdrix-de-mer pour nommer la glaréole, un petit échassier à pattes courtes dont le bec peut rappeler celui de la perdrixIbidem, tome 5, p. 141 et suivantes (GoogleLivres, 2022/02/13)

À partir de la fin du 18siècle, notamment avec l’introduction des termes lagopède et tétras, l’emploi de perdrix dans la nomenclature technique va être plus clairement délimité. Mais certaines appellations comme perdrix blanche, déjà bien installées dans l’usage général, vont se maintenir comme termes de chasse ou comme noms usuels.

Taxonomie et nomenclature

Dans la nomenclature actuelle, le générique perdrix sert à dénommer une quinzaine d’espèces de la famille des phasianidés principalement classées dans les genres Alectoris et Perdix.

Dans des noms composés

Sous-ensemble de noms d’espèces.

Espèces présentes ou originaires d’Europe :

Remarque complémentaire relative à la sous-entrée.

La Perdrix choukar et la Perdrix grise ont été introduites comme gibier en Amérique du Nord.

Nom(s) composé(s) d’espèce(s) faisant l’objet d’une sous-entrée.

perdrix bartavelle [Alectoris graeca], (18e–19e siècleOn relève déjà perdris de Grece chez Belon du Mans en 1555 (op. cit., p. 255).) perdrix de Grèce, perdrix grecque : grande espèce européenne de montagne et de pentes rocheuses (Alpes, Apennins et Balkans), à manteau grisâtre, à pattes et bec rouges, dont la face et la gorge blanches sont bordées d’une épaisse ligne noire qui forme un bandeau sur les yeux. [syn. : bartavelle.]

Nom(s) composé(s) d’espèce(s) faisant l’objet d’une sous-entrée.

perdrix choukar*, (19e–20e siècle) perdrix chukar [Alectoris chukar] : espèce proche de la Perdrix bartavelle originaire de l’Est de l’Europe et du Moyen-Orient.

Remarque complémentaire relative à la sous-entrée.

Cette espèce est dénommée à partir de son nom hindi (chukor, chikor, chakor), d’origine onomatopéique. Employé comme nom simple, choukar (ou chukar) varie en genre selon les auteurs.

Nom(s) composé(s) d’espèce(s) faisant l’objet d’une sous-entrée.

perdrix grise* [Perdix perdix] : petite espèce commune des champs et des terrains découverts, à bec et à pattes brun clair, à plumage grisâtre marqué de stries brunes et rousses, avec la face et la gorge orangées, et dont le mâle est marqué sur le ventre d’une grande tache brune en forme de fer à cheval.

Remarque complémentaire relative à la sous-entrée.

En Amérique du Nord, où cette espèce n'a été introduite qu'au 20siècle, on a d'abord donné ce nom à la Gélinotte huppée (voir ci-dessous).

Nom(s) composé(s) d’espèce(s) faisant l’objet d’une sous-entrée.

perdrix rouge* [Alectoris rufa] : espèce européenne des terrains secs ou caillouteux, à manteau brunâtre, à pattes et bec rouges, dont la gorge blanche est bordée d’une ligne noire et d’un large collier noir et blanc strié, et dont les yeux sont surmontés d’un long sourcil blanc.

Sous-ensemble de noms d’espèces.

Dans des noms d’espèces voisines de type gallinacé (noms techniques désuets, noms usuels ou termes de chasse) :

Nom(s) composé(s) d’espèce(s) faisant l’objet d’une sous-entrée.

perdrix à collier, perdrix torquéole : (19e–début 20e siècle) synonymes de torquéole à collier*.

Nom(s) composé(s) d’espèce(s) faisant l’objet d’une sous-entrée.

perdrix blanche (depuis le milieu du 16e siècle) : synonyme de lagopède.

Nom(s) composé(s) d’espèce(s) faisant l’objet d’une sous-entrée.

perdrix de bois franc(s) : (19e–20e siècle) (Qc/Ca) synonyme de gélinotte huppée*.

Nom(s) composé(s) d’espèce(s) faisant l’objet d’une sous-entrée.

perdrix de la Guyane : (18e–19e siècle) synonyme de tocro de Guyane*.

Nom(s) composé(s) d’espèce(s) faisant l’objet d’une sous-entrée.

perdrix de neige, perdrix des neiges : (Fr/Eu) (depuis le début du 19e siècle) synonyme de lagopède.

Remarque complémentaire relative à la sous-entrée.

On a aussi parfois utilisé ces appellations à partir du milieu du 19e siècle pour désigner des oiseaux gallinacés asiatiques d’origine himalayenne, et notammant le lerva des neiges* dont le nom technique anglais est snow partridge.

Nom(s) composé(s) d’espèce(s) faisant l’objet d’une sous-entrée.

perdrix de roche : (fin 18e–19e siècle) synonyme de poulette de roches*. [voir ce mot.]

Nom(s) composé(s) d’espèce(s) faisant l’objet d’une sous-entrée.

perdrix de savane(s), perdrix des savanes : (Qc/Ca) (19e–20 siècle) synonyme de tétras du Canada*.

Nom(s) composé(s) d’espèce(s) faisant l’objet d’une sous-entrée.

perdrix des bambous, perdrix de Chine : (fin 19e–20 siècle) synonyme de bambusicole*.

Nom(s) composé(s) d’espèce(s) faisant l’objet d’une sous-entrée.

perdrix grise : (17e–20e siècle) (Qc/Ca) synonyme de gélinotte huppée*.

Nom(s) composé(s) d’espèce(s) faisant l’objet d’une sous-entrée.

perdrix noire : (17e–20e siècle) (Qc/Ca) synonyme de tétras du Canada*.

Nom(s) composé(s) d’espèce(s) faisant l’objet d’une sous-entrée.

perdrix percheuse : (19e–20e siècle) nom donné à diverses espèces d’oiseaux gallinacés des forêts d’Asie, de type perdrix ou ayant l’aspect d’une perdrix (bambusicole, torquéole).

Références et notes

Source(s) métalinguistique(s)

  • TLFi
  • FEW 8 perdix, p. 226a et b.
  • Robert historique (1992).
  • Fonds documentaires du Trésor de la langue française au Québec (tlfq.org, 2022/02/12).
  • Oxford English Dictionary Online, sous chukar (2022/02/12).
  • Cabard et Chauvet (2003), p. 136.
  • Donovan et Ouellet (1993).
  • Jobling, J. A. (2022). Key to Scientific Names in Ornithology, sous chukar (birdsoftheworld.org, 2022/02/12).

Base(s) ornithologique(s) de référence

Date de consultation :

  • Avibase
  • Birds of the World
  • Oiseaux.net

Note(s)