pingouin
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Oiseau marin de l’hémisphère Nord (Atlantique Nord, mer de Barents), à dos noir et ventre blanc, à bec épais et arqué, et à courtes pattes palmées, qui est bien adapté à la nage et à la pêche sous l’eau, mais qui est moins habile au sol, où il se tient et se déplace le corps à la verticale.
Avant la disparition du grand pingouin (au milieu du 19e siècle), le mot pingouin (utilisé sans autre spécification) désignait généralement cette espèce.
(Historique, ou par extension) Oiseau similaire de l’hémisphère Sud (manchot et gorfou).
L’introduction du mot manchot en français ne datant que de la seconde moitié du 18e siècle, pingouin a d’abord eu une extension d’emploi plus large. En raison de sa ressemblance avec les pingouins de l’hémisphère Nord, et notamment avec le grand pingouin, le manchot est encore souvent appelé pingouin, ce qui est considéré comme un emploi abusif dans les milieux spécialisés. La distinction entre manchot et pingouin étant propre au français, l’emploi du mot pingouin dans une traduction peut aussi résulter du calque de la langue d’origine.
alcidé; charadriiforme.
Origine et histoire
Le mot pingouin est attesté en français depuis le tournant des 16e et 17e siècles (sous les formes pinguyn en 1598 et pinguin en 1602), alors que cette appellation avait déjà cours depuis quelques décennies en néerlandais (pinguin) et en anglais (penguin). Le français pourrait l’avoir adoptée sous l’influence du néerlandais puisqu’on la relève d’abord dans des traductions de récits de voyage effectués dans l’hémisphère Sud par les Hollandais.
[Le navire] estoit navigué a un Escueil qui est au sac du Golphe, où nous trouvames beaucoup de Chiens de Mer, & Oyseaux qu’on appelle Pinguyns, dont l’Escueil en estoit quasi couvert. Nous y montans, ne les Chiens de Mer, ne les Oyseaux, se vouloient bouger, a cause que peu de gens y venoient, jusques a ce qu’en avions beaucoup occiz […]. »
Source de la citation : [Lodewijcksz], 1598
L’origine incertaine du mot pingouin a donné lieu à diverses hypothèses. Selon celle qui est la plus largement reçue, il pourrait être issu d’une appellation galloise (ou bretonne) composée de pen « tête » et gwyn (guen) « blanc », et faire référence à la tache blanche très visible que le grand pingouin présentait sur le devant de sa tête noire.
Si, en anglais, le mot semble d’abord avoir servi à désigner le grand pingouin du Nord avant d’être appliqué par extension au manchot du Sud, ce n’est pas le cas en français où il a d’abord été appliqué au manchot. Les premiers explorateurs français qui avaient visité les côtes atlantiques du Canada aux 16e et 17e siècles avaient déjà attribué d’autres appellations aux oiseaux nordiques connus aujourd’hui sous les noms de grand pingouin et de petit pingouin (soit apponat et tangueux pour la première espèce, et gode pour la seconde). La première attestation du mot pingouin appliqué au grand pingouin date de 1672 et figure dans l’Histoire naturelle de l’Amérique septentrionale de N. Denys sous la graphie pennegoin :
Le Pennegoin est un autre oyseau martelé de blanc & de noir, il ne vole point, il n’a que deux moignons d’aisles dont il bat sur l’eau pour fuïr ou plonger : on tient qu’il plonge jusques au fonds pour trouver sa proye sur le banc [de Terre-Neuve].
Source de la citation : Denys, 1672
Jusqu’au milieu du 18e siècle, le mot a connu de nombreuses variantes graphiques. Dans la première moitié du 19e siècle, on hésitait encore entre deux variantes : pingoin, d’abord utilisée par le naturaliste M. Brisson en 1760 et pingouin, adoptée quelques années plus tard par les explorateurs F. Froger (1698, pingoüin) et L.-A. de Bougainville (1771), puis reprise en 1783 par G.-L. Leclerc de Buffon. Largement diffusée par l’Histoire naturelle des oiseaux, c’est cette seconde graphie qui va finalement s’imposer.
C’est aux deux principaux naturalistes français de la seconde moitié du 18e siècle, Brisson et Leclerc de Buffon, que l’on doit l’introduction et la justification du terme manchot, propre au français, qui va progressivement s’installer dans l’usage, restreignant ainsi l’emploi dans cette langue du terme pingouin (voir la citation de Leclerc de Buffon sous manchot).
Taxonomie et nomenclature
Dans la nomenclature française actuelle, le terme pingouin ne sert à désigner que deux espèces de la famille des alcidés (dont une éteinte), respectivement classées dans les genres monospécifiques Alca et Pinguinus.
Dans des noms composés
grand pingouin* [Pinguinus impennis] : grande espèce aux ailes atrophiées, qui était inapte au vol et qui est éteinte depuis le milieu du 19e siècle. [syn. : pingouin brachyptère; (16e–17e siècle) apponat, tangueux (voir l’historique).]
petit pingouin*, pingouin torda [Alca torda] : espèce de taille moyenne nichant sur les côtes rocheuses, qui se nourrit principalement de poissons et dont le vol s’effectue par de rapides battements d’ailes. [syn. : alque, gode, pingouin commun.]
pingouin brachyptère : (19e–20e siècle) synonyme de grand pingouin*.
pingouin commun : (19e–20e siècle) synonyme de petit pingouin*.
Références et notes
Source(s) métalinguistique(s)
- TLFi
- FEW 18 penguin, p. 92b.
- Fonds documentaires du Trésor de la langue française au Québec (tlfq.ulaval.ca/fichier, 2018/02/21).
- Robert historique (1992).
- Cabard et Chauvet (2003), p. 202.
- Donovan et Ouellet (1993).
Base(s) ornithologique(s) de référence
Date de consultation :
- Avibase
- Birds of the World
- Oiseaux.net