pinson
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Passereau granivore d’Eurasie et d’Afrique du Nord, à bec droit et conique, qui est de la taille du moineau mais à queue plus allongée et à plumage plus coloré (notamment chez le mâle), et qui se nourrit principalement au sol.
Dans le contexte européen, le mot pinson, employé sans autre spécification, désigne le plus souvent le Pinson des arbres.
(Qc/Ca) Synonyme usuel de bruant (appliqué aux espèces nord-américaines).
Cet emploi a déjà eu cours dans la nomenclature nord-américaine (voir la section taxonomique).
(Qc/Ca) Nom générique donné aux petits granivores exotiques (d’Afrique, d’Asie et d’Australie) élevés comme oiseaux de cage ou de volière.
Ce nom s’applique notamment à des oiseaux passériformes de la famille des plocéidés (tisserin) et de celle des estrildidés (astrild, bengali, capucin, mandarin).
fringillidé; passériforme.
Origine et histoire
Pinson est une appellation d’origine onomatopéique héritée du latin, et non pas un dérivé du verbe pincer, comme l’écrivait P. Belon du Mans dans son traité d’ornithologie de 1555 :
Du Pinson. […] Quand lon prend un Pinson, il se revenge du bec, & pinse les doigts bien serré. C’est de là qu’il a gaigné son appellation Françoyse : car pinser est quand lon empongne quelque chose des ongles : & le Pinson serre si fort de son bec, qu’en pinsant les mains, il en fait sortir le sang.
Source de la citation : Belon du Mans, 1555
Le mot serait plutôt issu de *pincio, pincionis, forme reconstituée du nom du pinson des arbres en latin populaire, qui aurait lui-même été formé à partir d’un radical pinc– évoquant l’un des cris répétitifs ([pink]) de cet oiseau. Le générique scientifique Fringilla, qui est traditionnellement associé au terme français pinson, correspond quant à lui au nom donné au pinson en latin classique.
On relève la première attestation française de cette appellation sous la forme pinçun dans un lai de Marie de France composé à la fin du 12e siècle (vers 1185). La forme pinson est attestée depuis le 13e siècle. Du 17e au début du 19e siècle, on rencontre également la variante graphique pinçon qui, à partir de la seconde moitié du 18e siècle sera la forme privilégiée de la majorité des naturalistes, dont M. Brisson (1760), F. Salerne (1767) et R. P. Lesson (1831).
D’abord utilisé comme nom spécifique simple de l’espèce aujourd’hui dénommée pinson des arbres, pinson semble avoir rapidement servi à former des noms composés désignant d’autres espèces de fringillidés européens. Dès le 16e siècle, on relève pinson royal comme nom manceau du gros-bec casse-noyaux et pinson montain comme nom du pinson du Nord.
Avec le développement de l’ornithologie française au 18e siècle, et la description de nouvelles espèces non-européennes, pinson va développer une valeur de large générique et servir à dénommer de multiples espèces de petits granivores souvent classées à l’époque dans le genre Fringilla. La plupart de ces espèces seront par la suite reclassées dans d’autres genres et renommées à partir d’autres génériques, notamment du générique bruant (pour le maintien plus tardif de pinson dans la nomenclature nord-américaine, voir ci-dessous).
L’usage nord-américain du générique pinson appliqué aux petits oiseaux granivores de cage et de volière résulte vraisemblablement de l’influence de l’anglais où finch est aussi usuel dans ce sens.
Quant aux appellations génériques composées pinson des Galápagos et pinson de Darwin (mentionnées ci-dessous et respectivement attestées depuis les années 1950 et 1960), elles ont été calquées des termes anglais Galápagos finch (depuis la fin du 19e siècle) et Darwin’s finch (depuis 1936).
Taxonomie et nomenclature
Dans la nomenclature technique actuelle, le générique pinson est étroitement lié au genre Fringilla, qui ne compte que trois ou quatre espèces de passériformes de la famille des fringillidés.
Dans la nomenclature nord-américaine, on a conservé plus longtemps qu’en Europe, soit jusqu’au 20e siècle, l’emploi élargi du générique pinson. C’est ainsi que, chez les naturalistes québécois et canadiens, on l’a utilisé dès le milieu du 19e siècle pour dénommer divers granivores nord-américains, et notamment les bruants qui ont porté le nom de pinson jusque dans les années 1980. Cet emploi se maintient dans la langue générale.
Dans des noms composés
Principales espèces du genre Fringilla :
pinson des arbres* [Fringilla coelebs] : espèce eurasienne très répandue en Europe, dont le mâle, bien connu pour son chant vigoureux et fréquent, présente un plumage au coloris très varié (dessus brun verdâtre, calotte grise, joues et poitrine rosées, ailes noires marquées d’une tache blanche à l’épaule).
pinson des Ardennes : synonyme de pinson du Nord*.
pinson du Nord* [Fringilla montifringilla] : espèce eurasienne plus commune dans le nord de l’Europe, à tête et dos noirs chez le mâle. [syn. : pinson des Ardennes.]
Exemple d’autre espèce anciennement classée dans le genre Fringilla :
pinson niverolle : (mi-19e–20e siècle) (dans le contexte européen) synonyme de niverolle alpine*; (dans le contexte nord-américain) synonyme de junco ardoisé*. [syn. : (18e–19e siècle, dans le contexte européen) pinson de(s) neige(s).]
(Qc/Ca) Dans des noms de bruants nord-américains (quelques exemples d’anciens noms techniques encore usuels) :
pinson à gorge blanche : synonyme de bruant à gorge blanche*.
pinson chanteur : synonyme de bruant chanteur*.
pinson familier : synonyme de bruant familier*.
Dans des noms d’autres passereaux similaires :
pinson indigo : (dans la nomenclature nord-américaine, fin 19e–début 20e siècle) synonyme de passerin indigo*.
pinson mandarin : nom usuel du mandarin d’Australie* et du mandarin de Timor*.
pinson(s) de Darwin, pinson(s) des Galápagos : nom donné à un groupe d’espèces endémiques de l’archipel des Galápagos (géospizes et spizin, de la famille des thraupidés) qui, tout en étant étroitement apparentées, ont développé des traits spécifiques (touchant notamment la taille et la forme du bec) qui témoignent d’une adaptation évolutive aux ressources alimentaires de leur environnement respectif.
Dans la première moitié du 19e siècle, l’étude de ces espèces a alimenté les réflexions de Charles Darwin sur l’évolution des espèces par sélection naturelle.
Références et notes
Source(s) métalinguistique(s)
- TLFi
- FEW 8 pincio, p. 518b-519a.
- Robert historique (1992).
- Cabard et Chauvet (2003), p. 359.
- Donovan et Ouellet (1993).
- Hageman (2000), p. 135-138.
Base(s) ornithologique(s) de référence
Date de consultation :
- Avibase
- HBW Alive
- Oiseaux.net