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pioui

Genre

masculin

Prononciation

[piwi]

Variante

(19e siècle) pewee; pe(-)wit, pi(-)wit [piwit] (voir ci-dessous).

Début de l'article

Définition (emploi secondaire du mot-entrée).

(19e siècle) pewee, pewit, pi-wit, moucherolle pewit : anciens noms du Moucherolle phébi* (espèce voisine du Pioui de l’Est).

Nom(s) associé(s): synonymes ou quasi-synonymes.

syn. anciens : moucherolle noirâtreLeMoine, James MacPherson (1861). Ornithologie du Canada, première partie, seconde édition, p. 157; (1864). Tableau synoptique de l'ornithologie du Canada, p. 8 (biodiversitylibrary.org, 2023/01/21).; moucherolle brunProvancher, Léon (1870). « Faune canadienne. Les oiseaux », Le Naturaliste canadien, 3/1, p. 12 (biodiversitylibrary.org, 2023/01/21)..

Définition (emploi principal du mot-entrée).

(Depuis le premier tiers du 20e siècle) pioui : moucherolle des milieux boisés, largement répandu en Amérique du Nord, de taille moyenne et de teinte gris verdâtre avec des bandes alaires claires, qui est connu pour son chant répétitif, lent et plaintif (que traduit la forme pioui).

Remarque complémentaire à la définition du mot-entrée.

On distingue deux espèces de Piouis, assez similaires, dont l’une fréquente la moitié est du continent nord-américain (le Pioui de l’Est ou Contopus virens) et l'autre sa partie ouest (le Pioui de l’Ouest, ou Contopus sordidulus). Au Québec, le mot pioui, utilisé sans autre spécification, désigne généralement le Pioui de l'Est.

Nom(s) associé(s): synonymes ou quasi-synonymes.

syn. ancien : (de pioui de l’Est) (19e–début 20e siècle) moucherolle verdâtre; (mi-20e siècle) moucherolle pioui.

Nom(s) associé(s): ensemble d’oiseaux plus large.

tyrannidé; passériforme.

Origine et histoire

Ces appellations d’origine onomatopéique résultent d’emprunts à l’anglais nord-américain où le mot pewee est attesté comme nom de divers moucherolles depuis la fin du 18e siècle (OED), sous sa forme actuelle ou sous diverses variantes avec ou sans -t final (pewit, peewee, pee wee).

Pewee, pewit, pi-wit

À l’instar du naturaliste américain W. Bartram (1791)Bartram, William (1791). Travels through North & South Carolina, Georgia, East & West Florida, p. 297 (« Muscicapa nunciola; the pewit, or black cap flycatcher ») et 289 (GoogleLivres, 2023/01/23)., les naturalistes anglophones de la première moitié du 19e siècle associaient spécialement ce nom (pewit, pewit flycatcher, pewee) au Moucherolle phébi (Sayornis phoebe)Voir notamment : Wilson, Alexander (1810). American Ornithology or the Natural History of the Birds of the United States, p. 78 (« Pewit flycatcher. Muscicapa nunciola ») (biodiversitylibrary, 2023/01/21). Avant de porter le nom latin actuel de Sayoris phoebe, le Moucherolle phébi a été décrit sous divers autres noms latins (Muscicapa nunciola, Muscicapa fusca, Sayornis fuscus)..

C’est donc comme appellation de cette espèce qu’on en relève la première attestation en français dans l’Histoire naturelle des oiseaux de l’Amérique septentrionale (1807)Vieillot, Louis Pierre (1807). Histoire naturelle des oiseaux de l'Amérique septentrionale, tome 1, p. 68 (biodiversitylibrary, 3023/01/23). Vieillot ne semblait pas connaître l’origine onomatopéique de l'appellation pewit : «  Le nom de Pewit que les Américains ont imposé à cet oiseau vient de ce qu’en hérissant les plumes de sa tête, il paroît décoré d’une sorte de huppe. » Et à la même page, il traduit d’ailleurs par Petite huppe le nom de Small Pewit servant à désigner une espèce voisine. de L. P. Vieillot : « Le Moucherolle noirâtre ou Le Pewit, Muscicapa fusca ». Et c’est également dans cet emploi que le mot a été repris par les deux premiers naturalistes québécois de la seconde moitié du 19e siècle, présenté comme synonyme de moucherolle noirâtre ou de moucherolle brun. J. M. Lemoine (1861 et 1864)Voir la note 1. Lemoine, 1861 : « Le Moucherolle noirâtre. Le Pe-wit [Pee-wee Flycatcher.] »; Lemoine, 1864 : « Le Moucherolle noirâtre ou Pewee ». utilise les formes pe-wit et pewee, directement empruntées à l’anglais, alors que L. Provancher (1870)Voir la note 1. introduit la variante pi-wit.

Selon Provancher, cette appellation était d’usage courant à son époque :

Le Moucherolle brun. […] Ce moucherolle est un de nos plus communs. […] On lui donne souvent dans nos campagnes le nom de Pi-wit, par allusion à son cri qui semble articuler ces deux syllabes.

Source de la citation : Provancher, 1870

Ce témoignage ne sera pas confirmé par son successeur immédiat C.-E. Dionne (1883 et 1906) qui ne signalera la forme piwit (ou piiwit) que comme onomatopéeDionne, Charles-Eusèbe (1883). Les Oiseaux du Canada, p. 108 : « Ce petit Gobe-Mouches […] fait entendre un petit cri mélancolique, qu’on a traduit par Piwit. » (biodiversitylibrary.org, 2023/01/22). (1906). Les oiseaux de la province de Québec, p. 260 : « par Piiwit ».. Le fonds documentaire historique du TLFQ ne fournit pas davantage d’illustration d’emploi de ce mot comme nom d’oiseau usuel. Tout ce qu’on relève à l’époque (1889)Voir : Description des cantons arpentés et des territoires explorés de la Province de Québec, Québec, 1889, p. 346 : « Dans cette partie du canton, j’ai rencontré les rivières Noire et petit Pioui, le bras de la rivière Noire et le bras du Sud, ainsi que plusieurs lacs qui alimentent ces rivières. » (rapport de John Langlois, 26 juillet 1881) (biodiversitylibrary.org, 2023/01/22). Selon la Banque des noms de lieux du Québec, quelques lacs québécois portent aujourd’hui le nom de Pioui (en remplacement de la forme Pee Wee de leur nom initial) (toponymie.gouv.qc.ca, 2023/01/22); la motivation première de ces appellations n'est pas documentée., c’est la mention sans commentaire de la forme pioui dans un toponyme de la région de Portneuf.

Pioui

C’est au naturaliste canadien-anglais P. A. Taverner qu’on doit la réintroduction du mot en 1934 sous la forme francisée pioui pour désigner deux autres moucherolles, notamment l’espèce précédemment nommée moucherolle verdâtre; le terme est alors utilisé comme équivalent français du générique composé anglais Wood PeweeTaverner, Pergy Algernon (1934). Birds of Canada, p. 294 («  Eastern Wood Pewee. Le Pioui de l’Est. Myiochanes virens. ») et 295 [« the Western Wood Pewee (le Pioui de l’Ouest) Myiochanes richarsoni richarsoni] (biodiversitylibrary.org, 2023/01/20)..

Taxonomie et nomenclature

Dans la nomenclature actuelle, le générique pioui sert à dénommer deux espèces de passériformes de la famille des tyrannidés, classées dans le genre Contopus (qui en compte une quinzaine, les autres espèces étant nommées à partir du générique moucherolle).

En 1978, dans le cadre de son Projet de nomenclature française des oiseaux du mondeDevillers, Pierre (1976). « Projet de nomenclature française des oiseaux du monde », dans Le Gerfaut/De Gievalk, no 66, p. 709 et 716., l’ornithologue belge P. Devillers a proposé d’adopter le générique pioui pour dénommer l’ensemble des espèces du genre Contopus. Cette suggestion n’a pas été retenue par la Commission internationale des noms français des oiseaux dans sa nomenclature de 1993Commission internationale des noms français des oiseaux (1993). Noms français des oiseaux du monde, nos 440-451..

Références et notes

Source(s) métalinguistique(s)

  • Oxford English Dictionary Online, sous peewee, n. 1 et peewit, n. 3 (2023/01/23).
  • Trésor de la langue française au Québec (1985). Dictionnaire du français québécois. Volume de présentation.
  • Fonds documentaires du Trésor de la langue française au Québec (tlfq.org/fonds, 2023/01/23).
  • Donovan et Ouellet (1993).
  • Hageman (2000), p. 139-140.

Base(s) ornithologique(s) de référence

Date de consultation :

  • Avibase
  • Birds of the World
  • Oiseaux.net

Note(s)