pioui
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(19e siècle) pewee, pewit, pi-wit, moucherolle pewit : anciens noms du Moucherolle phébi* (espèce voisine du Pioui de l’Est).
syn. anciens : moucherolle noirâtre; moucherolle brun.
(Depuis le premier tiers du 20e siècle) pioui : moucherolle des milieux boisés, largement répandu en Amérique du Nord, de taille moyenne et de teinte gris verdâtre avec des bandes alaires claires, qui est connu pour son chant répétitif, lent et plaintif (que traduit la forme pioui).
On distingue deux espèces de Piouis, assez similaires, dont l’une fréquente la moitié est du continent nord-américain (le Pioui de l’Est ou Contopus virens) et l'autre sa partie ouest (le Pioui de l’Ouest, ou Contopus sordidulus). Au Québec, le mot pioui, utilisé sans autre spécification, désigne généralement le Pioui de l'Est.
syn. ancien : (de pioui de l’Est) (19e–début 20e siècle) moucherolle verdâtre; (mi-20e siècle) moucherolle pioui.
tyrannidé; passériforme.
Origine et histoire
Ces appellations d’origine onomatopéique résultent d’emprunts à l’anglais nord-américain où le mot pewee est attesté comme nom de divers moucherolles depuis la fin du 18e siècle (OED), sous sa forme actuelle ou sous diverses variantes avec ou sans -t final (pewit, peewee, pee wee).
Pewee, pewit, pi-wit
À l’instar du naturaliste américain W. Bartram (1791), les naturalistes anglophones de la première moitié du 19e siècle associaient spécialement ce nom (pewit, pewit flycatcher, pewee) au Moucherolle phébi (Sayornis phoebe).
C’est donc comme appellation de cette espèce qu’on en relève la première attestation en français dans l’Histoire naturelle des oiseaux de l’Amérique septentrionale (1807) de L. P. Vieillot : « Le Moucherolle noirâtre ou Le Pewit, Muscicapa fusca ». Et c’est également dans cet emploi que le mot a été repris par les deux premiers naturalistes québécois de la seconde moitié du 19e siècle, présenté comme synonyme de moucherolle noirâtre ou de moucherolle brun. J. M. Lemoine (1861 et 1864) utilise les formes pe-wit et pewee, directement empruntées à l’anglais, alors que L. Provancher (1870) introduit la variante pi-wit.
Selon Provancher, cette appellation était d’usage courant à son époque :
Le Moucherolle brun. […] Ce moucherolle est un de nos plus communs. […] On lui donne souvent dans nos campagnes le nom de Pi-wit, par allusion à son cri qui semble articuler ces deux syllabes.
Source de la citation : Provancher, 1870
Ce témoignage ne sera pas confirmé par son successeur immédiat C.-E. Dionne (1883 et 1906) qui ne signalera la forme piwit (ou piiwit) que comme onomatopée. Le fonds documentaire historique du TLFQ ne fournit pas davantage d’illustration d’emploi de ce mot comme nom d’oiseau usuel. Tout ce qu’on relève à l’époque (1889), c’est la mention sans commentaire de la forme pioui dans un toponyme de la région de Portneuf.
Pioui
C’est au naturaliste canadien-anglais P. A. Taverner qu’on doit la réintroduction du mot en 1934 sous la forme francisée pioui pour désigner deux autres moucherolles, notamment l’espèce précédemment nommée moucherolle verdâtre; le terme est alors utilisé comme équivalent français du générique composé anglais Wood Pewee.
Taxonomie et nomenclature
Dans la nomenclature actuelle, le générique pioui sert à dénommer deux espèces de passériformes de la famille des tyrannidés, classées dans le genre Contopus (qui en compte une quinzaine, les autres espèces étant nommées à partir du générique moucherolle).
En 1978, dans le cadre de son Projet de nomenclature française des oiseaux du monde, l’ornithologue belge P. Devillers a proposé d’adopter le générique pioui pour dénommer l’ensemble des espèces du genre Contopus. Cette suggestion n’a pas été retenue par la Commission internationale des noms français des oiseaux dans sa nomenclature de 1993.
Références et notes
Source(s) métalinguistique(s)
- Oxford English Dictionary Online, sous peewee, n. 1 et peewit, n. 3 (2023/01/23).
- Trésor de la langue française au Québec (1985). Dictionnaire du français québécois. Volume de présentation.
- Fonds documentaires du Trésor de la langue française au Québec (tlfq.org/fonds, 2023/01/23).
- Donovan et Ouellet (1993).
- Hageman (2000), p. 139-140.
Base(s) ornithologique(s) de référence
Date de consultation :
- Avibase
- Birds of the World
- Oiseaux.net