sansonnet
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Synonyme de étourneau sansonnet*.
Origine et histoire
Dans le Trésor de la langue française, on indique que, dans sa forme actuelle, sansonnet est attesté dès le 16e siècle (1539), sous la plume du poète Clément Marot, mais que, dans un manuscrit de la fin du siècle précédent (1480 environ), on relève déjà le segment tarins sansonnés, ainsi que l’emploi de sanson désignant un étourneau. Sansonnet est donc assez généralement présenté comme le diminutif de cet ancien emploi de sanson, qui n’a pas survécu et qui soulève des questions quant à sa propre origine.
Invoquant des explications variables, divers historiens ont proposé d’y voir un emploi découlant de Samson, nom propre d’un personnage biblique largement connu.
Selon l’étymologiste P. Guiraud (1966), qui ne reconnaissait aucun fondement à cette hypothèse, sansonnet devait plutôt représenter un dérivé de la famille de sas « tamis, crible » et de sasser « cribler », attribué à l’étourneau sansonnet par allusion aux multiples taches claires dont est criblé son plumage.
Plus récemment, P. Cabard et B. Chauvet (2003), s’appuyant sur un commentaire émis à la fin du 18e siècle dans l’Histoire naturelle des oiseaux par P. Guéneau de Montbeillard (voir la citation), ont suggéré que sansonnet pourrait être une corruption de chansonnet, autre nom qui aurait été donné à cet étourneau en raison de ses aptitudes vocales.
Un étourneau peut apprendre à parler indifféremment François, Allemand, Latin, Grec, &c. & à prononcer de suite des phrases un peu longues : son gosier souple se prête à toutes les inflexions, à tous les accens. Il articule franchement la lettre R & soutient très-bien son nom de sansonnet ou plutôt de chansonnet par la douceur de son ramage acquis, beaucoup plus agréable que son ramage naturel.
Source de la citation : Guéneau de Montbeillard, 1775
Chansonnet est effectivement bien attesté dans les dictionnaires du 17e au 19e siècle, mais cette forme, plus tardive, semble plutôt correspondre à une variante régionale de sansonnet.
La découverte de l’extrait suivant, dans un texte de la fin du 13e siècle, vient à la fois consolider la première hypothèse, selon laquelle sansonnet est un dérivé de sanson, et suggérer un lien plus direct entre le mot sansonnet et l’étourneau. Cet extrait provient de Renart le Nouvel, un récit animalier du Moyen Age écrit dans la tradition du Roman de Renart, où l’on met en scène des animaux qui agissent comme des hommes et qui ont chacun leur nom propre (attribué de façon relativement arbitraire). Il y est question d’un étourneau (esprohon en ancien français) nommé Sanson, dont le fils (second messager de Renart) s’appelle Sansonnés.
Estes vous lors .III. messagiers ─ Voici [qu’arrivent] trois messagers
De par Renart, cointes et fiers, ─ De Renart, sages et dignes,
Dont li uns avoit non Waukés; ─ Dont l’un s’appelait Wauké
Li secons ot non Sansonnés, ─ Le second s’appelait Sansonnet,
Fiex iert a l’esprohon Sanson ; ─ C’était le fils de Sanson l’étourneau ;
Li tiers Robins avoit a non; ─ Le troisième s’appelait Robin ;
Fiex iert Robert le coquevil ─ C’était le fils de Robert le cochevis,
Que on tenoit moult a gentil. ─ Que l’on appréciait beaucoup pour ses qualités.
Source de la citation : Gielée, Renart le Nouvel, 1289
Sansonnet, comme synonyme d’étourneau, pourrait donc être directement issu de ce dernier nom propre à la suite d’une généralisation similaire à celle qui est à l’origine du nom commun renard (lui-même issu du nom propre du goupil, personnage principal du Roman de Renart).
Taxonomie et nomenclature
Le nom technique actuel d’étourneau sansonnet, avec sansonnet comme élément spécifique, s’est imposé dans la nomenclature ornithologique au milieu du 20e siècle, au détriment d’étourneau vulgaire, précédent binominal (calqué sur le latin Sturnus vulgaris) qui avait cours depuis le 19e siècle.
Références et notes
Source(s) métalinguistique(s)
- TLFi
- FEW 11 Samson, p. 144.
- Robert historique (1992).
- Cabard et Chauvet (2003), p. 348.
- Donovan et Ouellet (1993).
- Hageman (2000), p. 90-91.