soulcie
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(16e–18e siècle) Synonyme de roitelet huppé*.
Dans le traité d’ornithologie de M. Brisson (1760), le mot est de genre masculin et orthographié souci, ce qui ne correspond pas à l’usage habituel.
Cet emploi est tombé en désuétude après l’adoption par G.-L. Leclerc de Buffon à la fin du 18e siècle de roitelet comme nom du roitelet huppé et de soulcie comme nom spécifique simple du moineau soulcie.
(19e siècle) Synonyme de moineau soulcie*.
Initié par Leclerc de Buffon (1775), l’emploi de ce nom spécifique simple est principalement attesté dans le première moitié du 19e siècle.
moineau soulcie* [Petronia petronia], (16e–19e siècle) moineau à la soulcie : grand moineau des milieux rocailleux présent dans le sud de la France, à bec partiellement jaunâtre et à plumage relativement terne, qui présente une petite tache jaune à la gorge et des rayures à la tête qui dessinent de larges sourcils clairs au dessus des yeux.
passéridé; passériforme.
Origine et histoire
C’est au milieu du 16e siècle chez le naturaliste P. Belon du Mans qu’on relève les premières mentions de soulcie comme nom d’oiseau (1554, soucie; 1555, soulcie). Il y est question à la fois du roitelet huppé, nommé la soulcie, et d’une espèce de moineau appelée moineau à la soulcie (aujourd’hui moineau soulcie). Dans ces deux emplois, soulcie est une variante féminine du mot souci désignant à l’origine une plante à fleur jaune ou jaune orangé, le souci officinal (Calendula officinalis). Le genre féminin correspond au plus ancien genre connu du mot souci qui, du 13e au 16e siècle, est attesté sous diverses graphies à finale féminine, dont des graphies comportant à la fin de la première syllabe un l hérité de l’étymon latin solsequia.
Dans le cas du roitelet huppé, il y a tout lieu de croire que l’appellation était motivée par sa calotte érectile jaune ou oranger qui rappelle la couleur de la fleur du souci (peut-être même la couleur des tissus qui au Moyen age étaient teints à partir de cette fleur). Selon le naturaliste italien G. P. Olina (1684), dont les propos sont rapportés par F. Salerne (1767), ce roitelet aurait pour la même raison reçu le nom de Fior rancio « fleur de souci » en Toscane.
Dans le deuxième cas, celui du moineau à la soulcie, on peut également penser que le mot soulcie faisait référence à la petite tache jaune caractéristique que présente à la gorge cette espèce de moineau que Belon du Mans désignait en outre sous le nom de moineau au co[l]lier jaulne.
Le texte de Belon du Mans comporte toutefois quelques passages ambigus qui ont mis certains étymologistes sur de fausses pistes. L’extrait relatif au premier emploi (« roitelet ») ne semble pas d’emblée contredire l’explication par la couleur :
De la Soulcie, qu’on nomme un Poul. Chap. VII. […] Ceux du Maine le nomment un Poul, ou une Sourcicle; mais ceux qui parlent meilleur Françoys dient une Soulcie : car il a les sourcilz de plumes noires eslevees sur chasque costé des temples au dessus des yeux, au milieu desquelles il y a comme une creste de plusieurs plumes jaulnes sur le sommet de la teste.
Source de la citation : Belon du Mans, 1555, p. 345
Or, dans le deuxième cas, c’est une toute autre explication, moins attendue, que suggère l’auteur en associant le mot soulcie à la tache claire et allongée en forme de sourcil que cette espèce de moineau présente au dessus de l’œil :
Du Moineau à la Soulcie, ou au Colier jaulne. Chap. XX. Il est manifeste que le Moineau à la Soulcie est different au susdit [= « moineau de ville », moineau domestique], tant pource qu’il est d’autre couleur, comme aussi qu’au lieu que le susdit a une tache noire dessous la gorge, cestuy-cy l’a jaulne. Nous avons raison de le nommer à la Soulcie : car il a les yeux ombrez d’une Soulcie blanche, sur les sourcils en chasque costé de la teste.
Source de la citation : Belon du Mans, 1555, p. 362
Et, en relisant le premier extrait, on ne peut exclure la possibilité que l’explication de Belon veuille faire état d’un lien entre « soulcie » et « sourcilz » plutôt qu’entre « soulcie » et « creste de plumes jaulnes »…
Si tel était le cas, il faudrait en conclure qu’au milieu du 16e siècle, du moins pour certains, la motivation première des dénominations formées à partir du mot soulcie était suffisamment tombée dans l’oubli pour permettre une remotivation basée sur la relation de paronymie qui existe entre soulcie et sourcil…
Références et notes
Source(s) métalinguistique(s)
- FEW 12 solsequia, p. 73a et b. Cabard et Chauvet (2003), p. 354. Godefroy, Frédéric (1880-1895), Dictionnaire de l'ancienne langue française et de tous ses dialectes du IXe au XVe siècle, tome 7, sous solsie (micmap.org, 2019/03/12).